Le jeu de société politisé a déjà des précurseurs : En 1980, en France, François Nedelec et Duccio Vitale sortaient "Mai 68 : La Guerre des barricades" (ce jeu de plateau fut réédité chez Rexton en 1988 sous le titre "Mai 68 : Le Jeu"). En Espagne, quelque part entre la fin des années 1970 et la fin des années 1980, alors que les Espagnols entraient à peine dans la démocratie, sortait un jeu amateur qui parodiait les élections et les partis politiques (je crois que ce jeu s’intitulait "Moncloa").
Ce ne sont que quelques exemples, et je suis sûr qu’en faisant la recherche nécessaire on tombera sur des jeux politisés plus anciens, en France ou ailleurs. Il y a des chances d’en découvrir aux États-Unis en fouillant dans les années 1950 / 1960, une période où les jeux de guerre et les jeux de plateau connaissaient un énorme "boom" (voir par exemple l’éditeur Avalon Hill... avalé par Hasbro en 1998, ça ne s’invente pas !). Chez d’autres éditeurs états-uniens (je crois), il y avait déjà dans les années 1970 et 1980 des jeux de plateau sur la guerre froide (diplomatie et/ou affrontement armé). Le jeu de plateau de 2005 "Twilight Struggle" s’inspire de cette ancienne génération de jeux, clairement politisés.
Par ailleurs, cela est [guillemets de l’ironie] "curieux" : lorsque Vincent Lapierre interroge sur le jeu politisé, il finit par tomber sur la mention d’un jeu interdit de publication et dont le titre inclut le mot "Hitler". C’est un signe des temps, nos temps à nous, en ce premier quart de XXIe siècle : "Hitler" et "fascistes" (des mots utilisés par ce jeu, apparemment) sont devenus la fixette incontournable, ils incarnent le suprême antagonisme du projet mondial qui se déploie inexorablement devant nos yeux, sous nos pieds mêmes.
Revenons quand même un peu à la douceur de vivre : ces personnes dans ce salon à Cannes sont tout de même majoritairement très charmantes, de bons p’tits Français revenus à l’idée de la rencontre sociale, l’interaction avec l’autre, en chair et en os. Greg Stafford disait déjà il y a 20 ans que lorsqu’il joue à un jeu de rôle avec ses potes, il peut couper en deux un biscuit et jeter une moitié de biscuit à un collègue, de la sorte que la moitié de biscuit le percute, justement parce que son pote est... là.
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