Avant de revenir en détail sur la crise grecque et ses implications pour tous les pays de la zone Euro, il était important de terminer ce bref tour d’horizon* des “clubs de l’élite mondiale”, avec la Commission trilatérale et le World Economic Forum.
En 1973, les membres du groupe Bilderberg instituent une commission trilatérale, qui se décrit elle même comme le rassemblement de “personnes de marque” venues d’Europe, d’Amérique du Nord et du Japon. Outre l’intégration de l’élite politique et économique japonaise, cette commission a également pour but de créer une structure plus formelle et efficace que la nébuleuse “Bilderberg”. La Commission trilatérale s’entoure de moins de mystère que son modèle, mais promeut tout autant le “Washington Consensus” – idéologie selon laquelle une économie de marché mondiale et sans barrières d’aucune sorte constitue le seul modèle viable pour toutes les nations du monde. Il est admis, à la Commission trilatérale, que les États-Unis sont davantage prêts à jouer le jeu de la mondialisation que les autres parties en présence. C’est au “capitalisme familial” (et non, par exemple, aux investissements et spéculations sur devises) que l’on reproche les malheurs actuels des pays asiatiques. De la même manière, les systèmes européens de sécurité sociale sont considérés comme des boulets entravant la compétitivité.Tout aussi logiquement, leur rencontre de 2009 aboutit à la recommandation suivante :“L’Europe doit devenir plus compétitive en déréglementant les marchés du travail et en refondant ses systèmes de protection sociale dispendieux”.(1)
Selon le politologue Stephen Gill, les pouvoirs économiques représentés à cette commission déterminent les politiques économiques qui seront adoptées aux niveaux internationaux par ceux de ses membres ayant des responsabilités politiques : “Les intérêts économiques représentés, souligne-t-il, sont principalement ceux de l’internationalisation des mouvements des capitaux. Ses membres industriels sont facilement identifiables : directeurs ou sous-directeurs de firmes transnationales,de mégabanques ou de compagnies agro-industrielles ou commerciales”. Les petites entreprises à vocation plus nationale sont exclues et les organisations de travailleurs sont, elles, tout aussi statutairement sous-représentées.
Un troisième grand forum – sans doute le plus connu du public – participe à l’élaboration du consensus entre les élites et à la stratégie de mise en oeuvre : le Forum économique mondial (WEF) qui se tient tous les ans à Davos, en Suisse. Selon son propre argumentaire,chaque année,“1000 dirigeants industriels de haut niveau,250 dirigeants, 250 experts universitaires de tous les domaines et quelque 250 dirigeants de médias se rassemblent pour définir l’agenda mondial”.(2)
Lors de la précédente crise financière mondiale,en 1999,plusieurs politiciens et orateurs avaient alors recommandé des mesures drastiques, en préconisant une “nouvelle architecture financière”, ou des “investissements socialement responsables”, le tout agrémenté d’un nouveau slogan pour le WEF :“Mondialisation responsable”.
Plus de dix ans après, force est de constater que, au-delà des mots, rien n’a été fait. Une seule chose à changé à Davos, depuis cette année : l’armée suisse à dû intervenir en renfort aux forces de police anti-émeute afin de protéger la manifestation.
C. Casadue, pour le magazine FLASH
Publié en exclusivité sur Mecanopolis avec l’aimable autorisation de J.-E. Néaumet, directeur de la rédaction du bimestriel FLASH
Notes :
(1) Club Surveys the Global Economy, International Herald Tribune, 16 mars 2009.
(2) World Economic Forum Institutional brochure.