« La justice, cela n’existe pas, les droits de l’homme, cela n’existe pas. Ce qui compte, c’est la jurisprudence (…) Je crois que c’est tellement des hypocrites là, toute cette pensée des droits de l’homme. C’est zéro, philosophiquement, c’est zéro. »
C’est ainsi que notre regretté Gilles Deleuze fustigeait d’une même justesse, ce qu’il appelait les nouveaux philosophes, leurs comparses bien pensant et l’abstraction vaine de leur revendication universaliste au dépens, mais surtout au détriment de la Différence (l’un des concepts central de sa pensée fertile).
Voici qu’un événement juridique (l’annulation d’un mariage pour cause de mensonge) force l’indignation des tenants du droit et de l’égalité, ceux-là même à qui Deleuze reprochait de « mal poser les problèmes » Mais, au fait, quel est le problème ? Justement, on ne sait plus… tellement le battage médiatico politico philosophique autour de cette affaire privée, convoquant uniquement le droit de la famille tel qu’il est institué et pratiqué en France, en a détourné le sens et les enjeux.
Car, il ne s’agit de rien d’autre que du droit et de la liberté d’un homme d’annuler un mariage, c’est-à-dire, son union amoureuse à vie. Car, comme l’a affirmé l’épouse désavouée par le mari, elle lui avait effectivement menti sur ce qui constituait pour lui, une valeur essentielle : la virginité.
De nombreux juristes français revendiquent d’ailleurs le bien fondé d’un verdict (l’annulation du mariage) conforme à la jurisprudence classique, et le procureur Philippe Lemaire lui-même, insiste bien sur le fait que ce n’est pas la question de la virginité, mais le mensonge qui a motivé le jugement, faisant ainsi la preuve que le droit français garantit les libertés individuelles.
C’est ainsi que le concevait Deleuze pour qui « lutter pour la liberté, c’est réellement faire de la jurisprudence ». Alors contre quoi et contre qui vous battez vous donc Madame Badinter et tous ceux qui à votre suite prétendent en référer à la cour d’appel, de cassation ou autres organes excessifs pour briser la décision légitime d’un homme floué dans son désir et sa raison ?
Vous attentez à l’intime et au privé en voulant soumettre un homme au mariage forcé avec une épouse qui ne saurait correspondre à un modèle amoureux, tel que chacun d’entre nous peut le porter consciemment ou inconsciemment.
Est on choqué par le Prince Hamlet, lorsque d’Ophélie il se prend de passion, uniquement par l’effet éclatant d’une pureté virginale, sans laquelle pour lui il n’est pas question d’aimer ?
Que ce désir de pureté ressortisse d’un quelconque imaginaire romantique, illusoire, traditionnel ou religieux (ou les deux à la fois d’ailleurs) que venez vous faire au cœur de cet intime amoureux ? Vous vous rendez coupable d’une atteinte à l’intime et au privé. A moins, que le problème soit ailleurs… et que les questions qu’il recèle soit d’une autre nature ? Et si l’enjeu, c’était tout simplement la différence ?
L’impossibilité pour vous de concevoir qu’une décision juridique soit prise pour rendre justice à une valeur considérée comme étrangère ( ?) dans un pays ultra laïque, jacobin et assimilateur où « Dieu est mort » depuis bien longtemps ?
Ce serait donc une atteinte à l’intime, au privé mais surtout à l’altérité… Autant de questions concrètes, actuelles et précises enfouies, sous les revendications universalistes et égalitaristes, qu’il s’agirait de révéler à la pleine lumière afin de clarifier les motivations réelles et profondes de ces « droits de l’hommiste » et des recours contre la justice de leur propre pays dès qu’un choix de vie privé est fait au nom de notre croyance ou de la fidélité éclairée et assumée à nos traditions.
Car pour citer à nouveau notre philosophe exigeant sur les présupposés de l’acte de penser et de juger, un faux débat de société est jeté en pâture à l’opinion publique rendant impraticable les conditions d’une réflexion critique, empêchée par les amalgames, les préjugés ancestraux et tenaces sur l’Islam au nom de la valeur sacro-sainte de la liberté et du droit.
« On dit les droits de l’homme. Mais enfin : c’est des discours pour intellectuels odieux, et pour intellectuels qui n’ont pas d’idées. D’abord, je remarque que toujours ces déclarations des droits de l’homme, elles ne sont jamais faites, en fonction, avec les gens que cela intéresse (…) il n’y a pas de droits de l’homme, il y a la vie, il y a des droits de la vie. Seulement, la vie c’est cas par cas »
Alors, considérez ce cas précis, individuel et subjectif et laissez cet homme se libérer d’un engagement qui ne concerne que sa propre vie. Et respecter la décision de l’épouse qui elle-même a reconnu avoir usurpé l’identité désirée, essentielle aux yeux du prétendant (celle dont Ophélie se rend digne jusqu’au bout) et qui a accepté de se délier de cette union, désormais inutile et dénuée de sens.
Et laissez-nous, nous musulmanes de France, qui ne nous reconnaissons pas dans l’appel partial des Ni putes ni soumises ni dans celui des féministes ethnocentriques (et de sa représentante emblématique, Elisabeth Badinter) juger de ce qui attente à notre liberté et à nos droits. Nous ne sommes pas choquées par la décision personnelle d’un homme trompé et la légitimation de son choix par la justice de son pays.
La virginité peut-être une valeur subjective, romantique ou religieuse… peu importe… Ce qu’il faudrait c’est respecter la subjectivité, l’altérité et le choix d’autrui…
Quant à certaines d’entre nous, musulmanes de France, sujets libres et lucides (quoique vous en pensiez) laissez nous rencontrer ou choisir un homme à l’aune de nos propres considérations et refuser ou accepter dans une communion culturelle, religieuse, amoureuse ou romantique, que la virginité soit une qualité ou pas (parmi tant d’autres) qu’elle puisse relever pour nous du contingent ou du nécessaire… sans que vous décidiez pour nous de ce qui nous assujettit ou nous libère.
Fatiha Dahmani, enseignante, scénariste et essayiste
Source : http://oumma.com
Note : Les citations de Gilles Deleuze proviennent de L’Abécédaire (« G comme Gauche »), éditions Montparnasse, 1988.
Lire en complément : Nullité du mariage ? Evidemment ! Scandale ? Sûrement pas !
C’est ainsi que notre regretté Gilles Deleuze fustigeait d’une même justesse, ce qu’il appelait les nouveaux philosophes, leurs comparses bien pensant et l’abstraction vaine de leur revendication universaliste au dépens, mais surtout au détriment de la Différence (l’un des concepts central de sa pensée fertile).
Voici qu’un événement juridique (l’annulation d’un mariage pour cause de mensonge) force l’indignation des tenants du droit et de l’égalité, ceux-là même à qui Deleuze reprochait de « mal poser les problèmes » Mais, au fait, quel est le problème ? Justement, on ne sait plus… tellement le battage médiatico politico philosophique autour de cette affaire privée, convoquant uniquement le droit de la famille tel qu’il est institué et pratiqué en France, en a détourné le sens et les enjeux.
Car, il ne s’agit de rien d’autre que du droit et de la liberté d’un homme d’annuler un mariage, c’est-à-dire, son union amoureuse à vie. Car, comme l’a affirmé l’épouse désavouée par le mari, elle lui avait effectivement menti sur ce qui constituait pour lui, une valeur essentielle : la virginité.
De nombreux juristes français revendiquent d’ailleurs le bien fondé d’un verdict (l’annulation du mariage) conforme à la jurisprudence classique, et le procureur Philippe Lemaire lui-même, insiste bien sur le fait que ce n’est pas la question de la virginité, mais le mensonge qui a motivé le jugement, faisant ainsi la preuve que le droit français garantit les libertés individuelles.
C’est ainsi que le concevait Deleuze pour qui « lutter pour la liberté, c’est réellement faire de la jurisprudence ». Alors contre quoi et contre qui vous battez vous donc Madame Badinter et tous ceux qui à votre suite prétendent en référer à la cour d’appel, de cassation ou autres organes excessifs pour briser la décision légitime d’un homme floué dans son désir et sa raison ?
Vous attentez à l’intime et au privé en voulant soumettre un homme au mariage forcé avec une épouse qui ne saurait correspondre à un modèle amoureux, tel que chacun d’entre nous peut le porter consciemment ou inconsciemment.
Est on choqué par le Prince Hamlet, lorsque d’Ophélie il se prend de passion, uniquement par l’effet éclatant d’une pureté virginale, sans laquelle pour lui il n’est pas question d’aimer ?
Que ce désir de pureté ressortisse d’un quelconque imaginaire romantique, illusoire, traditionnel ou religieux (ou les deux à la fois d’ailleurs) que venez vous faire au cœur de cet intime amoureux ? Vous vous rendez coupable d’une atteinte à l’intime et au privé. A moins, que le problème soit ailleurs… et que les questions qu’il recèle soit d’une autre nature ? Et si l’enjeu, c’était tout simplement la différence ?
L’impossibilité pour vous de concevoir qu’une décision juridique soit prise pour rendre justice à une valeur considérée comme étrangère ( ?) dans un pays ultra laïque, jacobin et assimilateur où « Dieu est mort » depuis bien longtemps ?
Ce serait donc une atteinte à l’intime, au privé mais surtout à l’altérité… Autant de questions concrètes, actuelles et précises enfouies, sous les revendications universalistes et égalitaristes, qu’il s’agirait de révéler à la pleine lumière afin de clarifier les motivations réelles et profondes de ces « droits de l’hommiste » et des recours contre la justice de leur propre pays dès qu’un choix de vie privé est fait au nom de notre croyance ou de la fidélité éclairée et assumée à nos traditions.
Car pour citer à nouveau notre philosophe exigeant sur les présupposés de l’acte de penser et de juger, un faux débat de société est jeté en pâture à l’opinion publique rendant impraticable les conditions d’une réflexion critique, empêchée par les amalgames, les préjugés ancestraux et tenaces sur l’Islam au nom de la valeur sacro-sainte de la liberté et du droit.
« On dit les droits de l’homme. Mais enfin : c’est des discours pour intellectuels odieux, et pour intellectuels qui n’ont pas d’idées. D’abord, je remarque que toujours ces déclarations des droits de l’homme, elles ne sont jamais faites, en fonction, avec les gens que cela intéresse (…) il n’y a pas de droits de l’homme, il y a la vie, il y a des droits de la vie. Seulement, la vie c’est cas par cas »
Alors, considérez ce cas précis, individuel et subjectif et laissez cet homme se libérer d’un engagement qui ne concerne que sa propre vie. Et respecter la décision de l’épouse qui elle-même a reconnu avoir usurpé l’identité désirée, essentielle aux yeux du prétendant (celle dont Ophélie se rend digne jusqu’au bout) et qui a accepté de se délier de cette union, désormais inutile et dénuée de sens.
Et laissez-nous, nous musulmanes de France, qui ne nous reconnaissons pas dans l’appel partial des Ni putes ni soumises ni dans celui des féministes ethnocentriques (et de sa représentante emblématique, Elisabeth Badinter) juger de ce qui attente à notre liberté et à nos droits. Nous ne sommes pas choquées par la décision personnelle d’un homme trompé et la légitimation de son choix par la justice de son pays.
La virginité peut-être une valeur subjective, romantique ou religieuse… peu importe… Ce qu’il faudrait c’est respecter la subjectivité, l’altérité et le choix d’autrui…
Quant à certaines d’entre nous, musulmanes de France, sujets libres et lucides (quoique vous en pensiez) laissez nous rencontrer ou choisir un homme à l’aune de nos propres considérations et refuser ou accepter dans une communion culturelle, religieuse, amoureuse ou romantique, que la virginité soit une qualité ou pas (parmi tant d’autres) qu’elle puisse relever pour nous du contingent ou du nécessaire… sans que vous décidiez pour nous de ce qui nous assujettit ou nous libère.
Fatiha Dahmani, enseignante, scénariste et essayiste
Source : http://oumma.com
Note : Les citations de Gilles Deleuze proviennent de L’Abécédaire (« G comme Gauche »), éditions Montparnasse, 1988.
Lire en complément : Nullité du mariage ? Evidemment ! Scandale ? Sûrement pas !