En marge des données et des interrogations purement médicales, la pandémie actuelle a ouvert la porte à quantité d’incompréhensions, de questionnements, de peurs, de critiques, voire d’indignations au sein de la population générale et aussi du corps médical. […] Comment peut-on lire, à l’aune des sciences humaines, les différentes réactions et décisions faites au cours des premiers mois de l’épidémie COVID-19 ?
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[…] Tenant compte de la surestimation habituelle des risques à faible probabilité (un biais cognitif bien connu), comme celui de mourir dans un accident d’avion par exemple, de nombreux experts ont endossé l’attitude inverse début mars 2020, à savoir qu’ils ont plus ou moins crié « pas de panique ».
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Le biais de modèle mental se retrouve dans la réponse à la question : « à quoi cette pandémie fait-elle penser ? ». En Asie, la réponse a été immédiatement : à l’épidémie de SRAS de 2003, ce qui a sans doute contribué à une réaction à la fois forte et rapide.
En France, c’est l’épidémie de grippe de 2009 qui est revenue en mémoire, dont la gestion avait été très critiquée en raison de l’importance des moyens déployés à l’époque, jugés démesurés par rapport au risque encouru. D’où une politique et des avis totalement inverses, conduisant, dans un premier temps, à ne pas surréagir face à l’apparition de ce nouveau virus. Cette thèse n’a pas seulement été soutenue par les agences sanitaires, mais aussi par une partie du corps médical qui ne voyait initialement dans la COVID-19 qu’une grippe un peu particulière.
[…] La croissance exponentielle est très difficile à anticiper, car elle est contre-intuitive, c’est-à-dire qu’au début de cette courbe, les observateurs pensent toujours qu’elle est plate. En fait, ce n’est pas le cas. Il existe en réalité, initialement, un discret fléchissement vers le haut qui, en raison des chiffres peu élevés, n’apparaît pas prédire l’évolution ultérieure. C’est pourtant comme cela que commencent toutes les courbes exponentielles !
Il apparaît également une question récurrente : « pourquoi n’a-t-on pas tenu compte de l’expérience des autres pays ? ». Sans doute en raison d’un biais d’endogroupe et d’exogroupe, c’est-à-dire celui qui nous fait dire : « ça ne peut pas arriver chez nous parce que notre situation est différente ». C’est ce qu’ont bien constaté les Italiens qui, déjà confinés, jugeaient l’insouciance de Français « surréaliste ». Point forcément de racisme ni de populisme à l’origine de ce biais : de nombreux experts scientifiques ont également été le jouet de cette distorsion de la pensée qui s’est focalisée sur les différences entre différents groupes de population.
[Le biais d’excès de confiance et de surprécision], de façon étonnante, a été porté par de nombreux épidémiologistes renommés à l’occasion de l’épidémie COVID-19. Non seulement le risque a le plus souvent été sous-estimé, mais l’intervalle de confiance accordé était beaucoup trop petit. Autrement dit, l’incertitude a été fortement minorée, par excès de confiance dans les estimations qui sont beaucoup plus précises qu’elles ne le devraient.
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