Des enregistrements radio datés de 1973 ont été mis en ligne par la Bibliothèque du président Nixon. Il y tient des remarques racistes et antisémites.
À Washington
Entrer dans les conversations privées d’un chef d’État peut réserver des surprises embarrassantes, qu’il vaut mieux entendre avec retard, n’en déplaise aux adeptes de WikiLeaks et de la transparence à tout prix. Certains enregistrements radio de Richard Nixon à la Maison-Blanche, datés de 1973 et tout juste mis en ligne par la bibliothèque qui porte son nom, jettent une lumière crue sur sa vision des Noirs (qui était sans doute à l’époque encore très partagée parmi les Blancs). Nixon se dit en désaccord avec son secrétaire d’État, qui a « une sorte d’aveuglement pour ce qui est des Noirs ». « Il dit qu’ils sont en train de progresser… qu’ils vont renforcer notre pays, parce qu’ils sont forts physiquement et que certains d’entre eux sont intelligents », déclare Nixon. « Je crois qu’il a raison si on parle de cinq cents ans. Mais je crois que c’est faux si on parle de cinquante ans », juge-t-il. Nixon semble penser que seul le métissage sortira la race noire de l’ornière. « Il n’y a que ça qui marchera », assure-t-il. Dans ces conversations, il évoque aussi les Juifs et « leur personnalité très agressive, mordante et odieuse », comme en écho à la tirade publique de De Gaulle sur le peuple juif « sûr de lui » et « dominateur ». Mais c’est le cynisme apparent de son conseiller à la sécurité nationale Henry Kissinger qui est peut-être le plus surprenant : lors d’un échange avec Nixon, il considère que si les Soviétiques mettaient des Juifs dans des chambres à gaz en URSS, ce ne serait pas une affaire américaine.