Sarkozy est reparti à la chasse à l’électorat populaire qui a largement boudé l’élection. Preuve que l’heure est grave, le président ressort ses classiques : sécurité et immigration. L’imagination n’est pas au pouvoir.
Neuf mois et déjà la fin du conte de fée. Les municipales auront été cruelles. Le prince est redevenu crapaud…Ou est passé Nicolas Sarkozy ?
Sans comparer la mise en retrait du chef de l’Etat à la fuite de Louis XVI à Varenne, ou au départ de De Gaulle pour Baden-Baden, à quatre jours du second tour des élections municipales, le président est en « stand by ». C’est lui-même qui le dit. A Toulon, ressortant, tel un automate, son traditionnel couplet sur la sécurité et l’immigration, Sarkozy a déclaré qu’il n’avait « pas à s’impliquer dans les élections municipales » avant d’ajouter « qu’il ne s’agira pas dimanche prochain de décider de la politique de la nation ». Des propos en contradiction complète avec ceux, tenus cet automne, qui plaidaient pour une nationalisation des enjeux du scrutin.
Abstention forte, gauche forte
Le temps a passé, la fonction présidentielle a dépassé la fiction de campagne et le mirage Sarko s’est révélé aux yeux de l’opinion. Notamment en ce qui concerne la partie la plus populaire de son électorat.
S’appuyant sur une communication habile, axée sur leurs préoccupations familières, Nicolas Sarkozy avait su attirer leurs suffrages lors de l’élection présidentielle. « Il avait réussi à faire le grand écart en agrégeant les suffrages de la grande bourgeoisie et des milieux populaires. Cette fois, l’abstention est assez forte, les milieux populaires ne se sont pas déplacés et on constate que cette abstention profite largement à la gauche. La gauche est forte quand l’abstention est forte » , explique le géographe Christophe Guilluy. Ce qui n’est pas nécessairement un signe de vitalité politique.
Car contrairement à ce qui était attendu, l’élection de maires, entité administrative préférée des Français, ce fleuron –largement illusoire tant le pouvoir y est personnalisé et mal contrôlé- de notre démocratie n’a pas attiré les foules.
Épuisement démocratique
L’électorat populaire dont le vote s’était porté sur le candidat Sarkozy aux présidentielles s’est, semble-t-il, plus abstenu que la moyenne, notamment chez les personnes âgées. Selon un sondage CSA-Dexia pour Europe 1 et Le Parisien, les ouvriers et employés n’ont été que 33 % à voter au premier tour pour les listes soutenues par l’UMP, contre 56 % pour les listes de gauche. Les chômeurs et les étudiants ont eux aussi, à plus de 60%, soutenu les listes de gauche. Mais il serait abusif d’évoquer un vote d’adhésion et encore moins un reste de passion. Pour Guilly, les municipales sont davantage une défaite de la droite qu’une victoire de la gauche : « les milieux populaires ne se mobilisent plus pour un discours de progrès social. Ils voient bien que ça ne marche pas, il y a là une forme de lassitude, d’épuisement, les effets économiques des choix politiques sont limités, alors ils se mobilisent lorsqu’on leur assure, par exemple, au moins la sécurité. Aujourd’hui, l’électorat de gauche est facilement identifiable, ce sont les fonctionnaires et les bobos ».
Gauche : le baiser de la mort
Entre les couches les plus populaires, lassées des promesses non tenues, marginalisées socialement, qui s’excluent de l’exercice démocratique et les très choyés bobos, représentants de la mondialisation heureuse, acquis au vote socialiste, Christophe Guilluy juge que « ce scrutin, qui écartait complètement les préoccupations des catégories les plus faibles, a confirmé parfaitement la nouvelle géographie sociale de nos villes. Si l’on prend Paris, le vote PS est imparable, Delanoë représente mieux que personne la sociologie de cette ville, mais c’est un enfermement pour le PS car au niveau national, les habitants des grandes zones urbaines représentent au mieux 35% de la population. La France n’est pas incarnée du tout dans le vote socialiste. En ce sens, ces élections sont pour le PS, un véritable baiser de la mort ».
Régis Soubrouillard
Source : http://www.marianne2.fr
Neuf mois et déjà la fin du conte de fée. Les municipales auront été cruelles. Le prince est redevenu crapaud…Ou est passé Nicolas Sarkozy ?
Sans comparer la mise en retrait du chef de l’Etat à la fuite de Louis XVI à Varenne, ou au départ de De Gaulle pour Baden-Baden, à quatre jours du second tour des élections municipales, le président est en « stand by ». C’est lui-même qui le dit. A Toulon, ressortant, tel un automate, son traditionnel couplet sur la sécurité et l’immigration, Sarkozy a déclaré qu’il n’avait « pas à s’impliquer dans les élections municipales » avant d’ajouter « qu’il ne s’agira pas dimanche prochain de décider de la politique de la nation ». Des propos en contradiction complète avec ceux, tenus cet automne, qui plaidaient pour une nationalisation des enjeux du scrutin.
Abstention forte, gauche forte
Le temps a passé, la fonction présidentielle a dépassé la fiction de campagne et le mirage Sarko s’est révélé aux yeux de l’opinion. Notamment en ce qui concerne la partie la plus populaire de son électorat.
S’appuyant sur une communication habile, axée sur leurs préoccupations familières, Nicolas Sarkozy avait su attirer leurs suffrages lors de l’élection présidentielle. « Il avait réussi à faire le grand écart en agrégeant les suffrages de la grande bourgeoisie et des milieux populaires. Cette fois, l’abstention est assez forte, les milieux populaires ne se sont pas déplacés et on constate que cette abstention profite largement à la gauche. La gauche est forte quand l’abstention est forte » , explique le géographe Christophe Guilluy. Ce qui n’est pas nécessairement un signe de vitalité politique.
Car contrairement à ce qui était attendu, l’élection de maires, entité administrative préférée des Français, ce fleuron –largement illusoire tant le pouvoir y est personnalisé et mal contrôlé- de notre démocratie n’a pas attiré les foules.
Épuisement démocratique
L’électorat populaire dont le vote s’était porté sur le candidat Sarkozy aux présidentielles s’est, semble-t-il, plus abstenu que la moyenne, notamment chez les personnes âgées. Selon un sondage CSA-Dexia pour Europe 1 et Le Parisien, les ouvriers et employés n’ont été que 33 % à voter au premier tour pour les listes soutenues par l’UMP, contre 56 % pour les listes de gauche. Les chômeurs et les étudiants ont eux aussi, à plus de 60%, soutenu les listes de gauche. Mais il serait abusif d’évoquer un vote d’adhésion et encore moins un reste de passion. Pour Guilly, les municipales sont davantage une défaite de la droite qu’une victoire de la gauche : « les milieux populaires ne se mobilisent plus pour un discours de progrès social. Ils voient bien que ça ne marche pas, il y a là une forme de lassitude, d’épuisement, les effets économiques des choix politiques sont limités, alors ils se mobilisent lorsqu’on leur assure, par exemple, au moins la sécurité. Aujourd’hui, l’électorat de gauche est facilement identifiable, ce sont les fonctionnaires et les bobos ».
Gauche : le baiser de la mort
Entre les couches les plus populaires, lassées des promesses non tenues, marginalisées socialement, qui s’excluent de l’exercice démocratique et les très choyés bobos, représentants de la mondialisation heureuse, acquis au vote socialiste, Christophe Guilluy juge que « ce scrutin, qui écartait complètement les préoccupations des catégories les plus faibles, a confirmé parfaitement la nouvelle géographie sociale de nos villes. Si l’on prend Paris, le vote PS est imparable, Delanoë représente mieux que personne la sociologie de cette ville, mais c’est un enfermement pour le PS car au niveau national, les habitants des grandes zones urbaines représentent au mieux 35% de la population. La France n’est pas incarnée du tout dans le vote socialiste. En ce sens, ces élections sont pour le PS, un véritable baiser de la mort ».
Régis Soubrouillard
Source : http://www.marianne2.fr