De gauche ou de droite, des hommes et des femmes politiques viennent de découvrir qu’ils partagent le même combat que des dizaines de milliers de jeunes auditeurs : la défense de la radio Skyrock, dont le fondateur, Pierre Bellanger, est menacé d’éviction par ses actionnaires, notamment Axa Private Equity, qui souhaite vendre le groupe. A peine vingt-quatre heures après le début de la crise dans cette radio "jeune", la mobilisation, déjà très forte sur Internet, a atteint la classe politique.
La gauche a été la première à réagir. Dès mardi 13 avril au soir, François Hollande était sur les ondes de Skyrock pour prendre la défense du patron de la station, Pierre Bellanger. Malek Boutih, l’un des proches de M. Hollande, est, il faut le signaler, également directeur des relations institutionnelles de la station.
Invité de "Planète Rap", le candidat à la primaire socialiste n’a pas mâché ses mots : "Je considère qu’une radio n’appartient pas simplement à ses actionnaires mais à ses auditeurs et donc on ne peut pas disposer pour des considérations financières de la vie d’une radio, avec ce qu’elle comporte de libertés, comme s’il n’y avait que des objectifs de rendement et de rentabilité qui devaient être posés. Je considère qu’ici c’est la radio de toutes les musiques, des musiques de jeunes."
Modeste, M. Hollande a reconnu qu’il n’était pas un expert en "musiques de jeunes" : Je ne suis pas un spécialiste, je ne viens pas ici faire étalage d’une culture que je ne possède pas mais je pense que cette liberté-là ne peut pas être menacée. Je suis là pour dire que cette radio doit continuer à être ce qu’elle a été, c’est-à-dire une radio où les musiques, les cultures urbaines ont été présentes", a-t-il conclu.
"DES CAPITALISTES VEULENT CHANGER L’IDENTITÉ" DE SKYROCK
Sans doute plus attendu sur ce type de combats, Jack Lang était également l’invité de Skyrock, le 14 avril au matin. Il y a défendu, en des termes véhéments, "Pierre Bellanger, qui a été une des personnes qui ont illustré le combat pour les radios libres, alors que nous fêtons cette année le trentième anniversaire de leur naissance, voulue par François Mitterrand. Et voilà que des capitalistes veulent en changer l’identité. Le virer c’est une expropriation morale, une méthode de vandale. Je suis ulcéré !". Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste, s’est également rendu à la radio pour exprimer sa solidarité.
Au-delà de cet amour nouveau pour le rap et les cultures urbaines, il paraît clair que le soutien massif des politiques à la radio n’est pas totalement désintéressé. A un an de la présidentielle, venir parler sur les ondes de la radio des jeunes et des cultures urbaines constitue évidemment une occasion en or de s’offrir à peu de frais un capital sympathie auprès des jeunes auditeurs de la station.
La droite n’est d’ailleurs pas en reste, et n’a pas tardé à comprendre qu’elle devait elle aussi se mobiliser sous peine de laisser au PS le monopole de ce public. Rama Yade sera donc elle aussi invitée de la radio. Sur Twitter, elle a déjà fait part de son soutien inconditionnel au PDG débarqué, expliquant que "la liberté de ton n’est pas à vendre". Le président des "Jeunes populaires" de l’UMP, Benjamin Lancar, sera lui aussi sur les ondes de Skyrock jeudi soir pour exprimer, à son tour, son soutien.