Des notes privées prises par le célèbre physicien entre 1922 et 1923 lors de voyages en Asie laissent transparaître une facette sombre et méconnue de sa personnalité.
Albert Einstein est sans conteste le plus grand scientifique du XXe siècle. Ses idées et ses théories ont profondément révolutionné le monde. Mais le physicien était aussi connu pour son pacifisme – il s’est farouchement opposé à la mise au point de l’arme nucléaire – et son humanisme. En 1946, dix ans avant sa mort, il dénonce par exemple la ségrégation aux États-Unis lors d’une conférence à la Lincoln University (à l’époque réservée aux Noirs), en expliquant que « cette séparation n’est pas la maladie des gens de couleurs. C’est une maladie de Blancs. Je ne compte pas me taire à ce sujet. » Et ce n’étaient pas que des mots. Le physicien allemand, d’origine juive, s’est effectivement investi dans plusieurs associations de lutte en faveur des droits civiques des Afro-américains au point d’être placé sous surveillance par le FBI, comme le raconte très bien ce long article du Smithsonian publié l’année dernière.
Cet engagement public cache néanmoins une part plus sombre de sa personnalité. Ses carnets de voyage, rédigés entre 1922 et 1923 (il avait 43 ans), viennent d’être traduits en anglais et publiés par Princeton University Press. Ces écrits, parfois de simples prises de notes, laissent notamment transparaître un profond racisme, en particulier contre les Chinois, révèle The Guardian. Lors de son passage dans le pays, le célèbre scientifique consigne en effet ses pensées intimes, parfois bien peu amènes. Il écrit par exemple :
« Ce serait franchement dommage que ces Chinois supplantent toutes les autres races. Pour les gens comme nous, cette simple pensée est indiciblement triste. »
Alors qu’il voyage entre Shanghai et Hong-Kong, il note que « les Chinois ne s’assoient pas sur des bancs pour manger mais s’accroupissent comme les Européens quand ils se soulagent dans les bois. Tout cela se passe tranquillement et sobrement. Même les enfants sont sans âme et semblent obtus. » Les femmes chinoises n’échappent pas à ses critiques :
« J’ai remarqué qu’il y avait bien peu de différences entre les hommes et les femmes ; je ne comprends pas quel genre d’attraction fatale les femmes chinoises possèdent qui fascine les hommes à ce point qu’ils sont incapables de se défendre contre la promesse bénie d’une progéniture. »