Dans les 8 premières minutes de cette nouvelle émission, Alain Finkielkraut se dépasse, enfin dépasse son essentialisme pour se hisser à la hauteur de l’événement qui a eu lieu le 15 avril 2019. Nous sommes le 17 avril, Finky et la Lévy inaugurent leur ancienne émission L’Esprit de l’escalier dans un nouvel écrin plein de lampadaires tenus par des singes, la webtélé Réacnroll, jeu de mots époustouflant entre réac et rock and roll, avec un logo qui rappelle furieusement Kontre Kulture. Le décor est de Roger Hart avec une touche ardisonnienne, les costumes de Donald Caldwell avec un détour par une friperie du Marais, et le tout est un lifting de RCJ, Radio de la communauté juive.
« De Gaulle aurait parlé de la France chrétienne, ça on ne peut plus. Et donc il [Macron lors de son discours du 15 avril au soir] donne un peu l’impression parfois de considérer les catholiques comme une communauté, comme une minorité parmi d’autres, ce qu’ils sont en train de devenir, c’est évidemment la déchristianisation de la France est très avancée, et avec tous les scandales elle s’accélère. »
L’intérêt du texte lu par Finky réside dans le rappel du socle chrétien ou catholique de la France, ce que le penseur de droite ne nie pas, même s’il annonce l’accélération de la déchristianisation, dans laquelle on pourrait dire qu’il est juge et partie, ou qu’il fait une prophétie autoréalisatrice. On ne refait pas un sioniste !
Finky met habilement en balance un Système acquis à la cause progressiste qui prend soudain conscience de sa fragilité lorsque son socle chrétien est touché. Le court passage sur Anne Hidalgo qui promet une Notre-Dame toute neuve pour l’inauguration des Jeux olympiques à Paris en 2024 est bien vu. Le syndrome touristique marchand dénué de tout fondement spirituel a encore frappé, et Finky voit juste : le progressisme n’apprend rien.
À 10’02 environ, sa camarade de kibboutz Élisabeth Lévy intervient :
« Il y a une sorte de malentendu ou de discussion pour savoir si catholique aujourd’hui c’est une religion minoritaire ou si c’est la culture, le terreau, un des grands terreaux de la culture française... »
On a la réponse : malgré le travail de fond des antichrétiens depuis des siècles, oui, le christianisme est toujours le grand terreau de la culture française. C’est pour cela que ceux qui ont brûlé Notre-Dame sont des antichrétiens qui savaient très bien ce qu’ils faisaient.
Un instant, on nous dit dans l’oreillette que c’était un accident. Mais, les accidents, ça se provoque, non ? Un ouvrier qui laisse tomber un mégot ou une bombe incendiaire... Non ? Bon, d’accord. C’était un accident. On n’en parlera plus !
Ensuite la Lévy se livre à une comparaison hasardeuse (à 10’30) :
« Cette ambiance m’a un peu évoqué le 7 janvier, parce que le 7 janvier nous avons aussi perdu quelque chose qui fait partie de nous. L’esprit Charlie c’est peut-être plus récent mais ça fait aussi partie si vous voulez de ce qui a irrigué me semble-t-il l’identité française, le christianisme et l’esprit Charlie !, et on voit ce qu’il en est advenu quatre ans plu tard, c’est-à-dire ce que nous défendions à l’époque, la liberté d’expression, la liberté de blasphème, nous l’avons très largement abandonné. »
Ah, on se doutait qu’on allait arriver à l’islam terroriste, et la Lévy nous y emmène doucement... Finky, lui, fait semblant de croire, mais alors très mollement, à la version de l’accident pour Notre-Dame (pour Charlie, l’enquête a montré que ce n’était pas un accident). Ensuite Finky explique qu’il ne soutiendra plus les Gilets jaunes s’ils persistent à manifester le samedi suivant l’incendie. Visiblement, les GJ ne l’ont pas écouté, ne regardent pas Réacnroll, ou n’ont pas besoin du soutien de Finky.
C’est à la 16e minute que Finky retombe sur ses pattes anti-islamo-gauchistes quand il fustige la réaction des membres de l’UNEF à l’incendie de Notre-Dame, le fameux « c’est un délire de petit Blanc ». Et là, la boucle finkielkrautienne est bouclée :
« Donc de même que les banlieues brillaient par leur absence lors de la grande manifestation parisienne de Charlie Hebdo, de même ceux qui n’aiment pas notre pays continueront à ne pas l’aimer. »
Et là on se permet d’intervenir avec une petite critique sous forme d’information interrogative à Finky : quelle est l’organisation qui a fait détester la France à ces banlieues, comme vous dites, monsieur Finkielkraut ? N’était-ce pas SOS Racisme, une émanation du CRIF et de la LICRA pour empêcher toute résurgence du nationalisme du peuple de France ?
Aujourd’hui, les représentants du national-sionisme en appellent au nationalisme français pour chasser le démon islamiste des banlieues. Cette volte-face rappelle celle de Staline sur le patriotisme russe après l’attaque allemande du 22 juin 1941. Soudain, le nationalisme russe était appelé à la rescousse, oubliée la dénationalisation due au soviétisme ! Cas de force majeure !