Comment commenter cet article lorsqu’on a été soi-même en échec scolaire, inimaginablement nul en orthographe (maintenant je ne suis que mauvais) et médiocre en algèbre ? Vous comprendrez que ce système, je ne le porte pas dans mon coeur, je l’ai très tôt paisiblement méprisé et regardé de haut. « Mettez moi donc la note que vous voudrez, puisque votre seul objectif est de me classer. Moi j’étais venu pour apprendre, pas pour être classé. »
Il me semble que le système scolaire vit les conséquences de plusieurs contradictions qui lui son propres. Le système scolaire tel que nous le connaissons a été conçu par les dites "Lumières" (vous savez, c’est grands humanistes), il est intrinsèquement conçu comme une usine, dans une logique d’industrialisation de la connaissance avec comme corollaire, la standardisation. En parallèle, il a été conçu pour filtrer et orienter la marchandise (les élèves) selon leurs "compétences scolaires" (et strictement scolaires) de manière à introduire ou maintenir des inégalités sociales.
Je trouve original qu’on associe les problèmes d’apprentissage de la lecture et de l’algèbre avec une intention - qui serait nouvelle - de fabriquer des robots consommateurs. De tout temps (si on ne remonte pas trop loin), le système scolaire a de mon point de vu fabriqué des robots, si ça marchait mieux avant, c’est que cette méthode d’apprentissage industrielle était compatible avec des méthodes qui étaient par ailleurs très autoritaires, voir dictatoriales :Une usine avec des boulons bien sérrés en sommes.
Or que se passe-t-il de nos jours ? Nous observons simplement la même machine dont on a dévissé les boulons. De fait la machine ne fonctionne plus correctement, elle devient bringuebalante, contradictoire avec elle-même, conçu pour mouler des pièces standardisés tout en lâchant la bride sur le tapis roulant. Les pièces ne sont plus formés correctement, ni tout à fait standard, ni vraiment autonomes.
Mon cas d’échec scolaire est peut-être un peu particulier (et il faudrait le vérifier), mais en qualité de témoin privilégié d’un mécanisme que j’ai toujours cordialement détesté, je pose la question :
Peut-on apprendre sereinement et avec plaisir dans un lieu considéré comme obligatoire et rébarbadif par définition, dans un contexte éminement concurentiel, anti-collaboratif, où l’objectif assumé en filigrane (très bien perçu par les élèves) est d’avoir de bonnes notes pour avoir un métier « pas trop dégradant et bien payé » ?
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