Axel Kahn, cet ami de l’humanité souffrante, nous explique que le passeport vaccinal est inéluctable. Et Pascal Praud nous explique que si on veut retourner un jour au théâtre, il faudra avoir fait son petit vaccin.
Ce qui est intéressant dans la situation actuelle, c’est que les collabos sont de vrais collabos et les résistants sont de vrais résistants. Il n’y aura bientôt plus que deux camps. Pour l’instant, le gros des Français hésite entre la soumission et l’insoumission, entre la souffrance et la libération.
La soumission les a amenés à renoncer progressivement à presque toutes leurs libertés, et cela nous rappelle la méthode des nazis contre les juifs dans les ghettos polonais en 1940 : resserrer de plus en plus les libertés tout en faisant croire que la soumission serait une solution.
La tranquillité, c’est la carotte, une carotte que l’âne ne croquera jamais.
La possible création d’un passeport vaccinal est au centre du débat public. Pour certains, il est inéluctable afin de reprendre une vie normale. Ses opposants crient à la mesure liberticide, le tout alors que les géants de la Tech s’en mêlent. Pour Philippe Pascot, écrivain et soutien des Gilets jaunes, c’est la peur qui dicte le tempo.
Devra-t-on bientôt être vacciné contre le Covid-19 pour monter dans un avion, prendre les transports en commun ou tout simplement avoir une activité sociale ? La question est légitime à l’heure où le débat sur la création d’un « passeport vaccinal » est au cœur de l’actualité. Il permettrait de présenter un certificat de vaccination contre la maladie et ainsi montrer patte blanche pour mener certaines activités ou accéder à certains lieux.
Rendre le vaccin obligatoire pour réaliser certaines activités ? L'idée séduit les Français. 62 % y sont favorables pour ceux qui prennent l'avion, 60 % pour ceux qui rendent visite à des personnes vulnérables.https://t.co/NvFkNFjq0L pic.twitter.com/1QnnV4kM9X
— Le Parisien (@le_Parisien) January 16, 2021
À en croire un sondage de l’IFOP publié par Le Parisien, les Français sont majoritairement séduits par l’idée. Ainsi, 62 % des personnes interrogées se disent favorables à une vaccination obligatoire avant de prendre l’avion pour l’étranger, 60 % souhaitent qu’elle le soit afin de pouvoir rendre visite à des personnes vulnérables. 52 % des Français interrogés veulent même que l’on soit vacciné pour prendre les transports en commun.
« Ce n’est pas l’expression d’une volonté populaire »
Presque une personne sur deux souhaite même une vaccination anti-Covid pour « fréquenter les commerces » (45 %). Que de chemin parcouru en quelques semaines alors que selon l’IFOP, seuls 39 % des Français souhaitaient se faire vacciner le 2 décembre. Ils sont désormais 54 % à souhaiter la piqûre.
« Nous sommes en plein Covid, les gens étouffent et ont peur. Ce n’est pas l’expression d’une volonté populaire, mais la conséquence de réflexions irraisonnées motivées par cette peur », estime au micro de Sputnik Philippe Pascot, écrivain, journaliste et soutien des Gilets jaunes.
D’après l’auteur de Mensonges d’États (Éd. Max Millo), « les gens sont terrifiés et sont prêts à céder leurs libertés individuelles ». « C’est le résultat d’une politique de la peur qui est mise en place par le gouvernement. Les gens se referment sur eux-mêmes », poursuit-il. Plusieurs personnalités publiques ont d’ores et déjà appelé à mettre en place le passeport vaccinal.
« On peut tout à fait imaginer ça, que d’une certaine manière le fait d’être soumis à la vaccination ouvre des portes qui jusqu’alors étaient fermées », lançait fin décembre sur LCI François Bayrou, président du MoDem et Haut-commissaire au Plan. Il estimait alors que « c’est le sens naturel des choses », en mettant en avant « tous les efforts qui peuvent être faits » afin de « retrouver la vie la plus normale possible. »
« En venir à de telles extrémités pour une maladie dont le taux de mortalité est aussi faible me semble très préoccupant », alerte pourtant Philippe Pascot.
Axel Kahn, généticien et président de la Ligue nationale contre le cancer, a quant à lui prévenu sur le plateau de CNews que « le passeport vaccinal est inéluctable pour les voyages. » Victime d’un effondrement du nombre de ses touristes, la Grèce s’est déjà dotée d’un certificat sanitaire prouvant la vaccination contre le Covid-19. Athènes a récemment proposé que cette initiative soit développée dans l’ensemble des 27 pays membres de l’Union européenne.
« Le passeport vaccinal est inéluctable pour les voyages », Axel Kahn, Président de la ligue contre le cancer dans #LaMatinale pic.twitter.com/ai5awaTKo2
— CNEWS (@CNEWS) January 19, 2021
Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, estimait ce 20 janvier sur France info à propos du passeport vaccinal « qu’il n’y a rien qui soit choquant, c’est un débat intéressant qu’on peut préparer aujourd’hui. »
« C’est quoi la prochaine étape ? On interdit aux gens gravement malades de prendre les transports en commun ? On veut quoi comme modèle de société ? La Corée du Nord ? », s’interroge de manière rhétorique Philippe Pascot.
Du côté de la Commission européenne, on se penche déjà sur la création d’un document attestant la vaccination et nommé « Vaxproof », qui inquiète plus d’un pays européen, notamment les Pays-Bas et… de la France. « C’est un débat qui n’a pas lieu d’être et ce serait choquant, alors qu’on débute encore partout cette campagne de vaccination en Europe, qu’il y ait des droits plus importants pour certains que pour d’autres. Ce n’est pas notre conception de la protection et de l’accès aux vaccins », déclarait le 17 janvier à France info Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes.
Il n’a cependant pas fermé la porte : « Quand l’accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent. »
Alors qu’elle était réservée jusqu’ici aux publics prioritaires, notamment les résidents en Ehpad et soignants, la campagne de vaccination française s’est élargie le 18 janvier aux personnes de plus de 75 ans.
D’après France 24, le 17 janvier au soir, seules 422.127 personnes avaient reçu une première injection alors que des difficultés d’approvisionnement du vaccin de Pfizer-BioNTech ralentissent davantage une campagne déjà laborieuse. Les maires de Dijon et Besançon ont notamment affirmé qu’« au rythme actuel de livraison, il faudra plus de quatre mois et demi pour vacciner les seules personnes de plus de 75 ans. » Le reste de la population devra donc patienter encore plusieurs mois.
Un contexte qui pourrait freiner la mise en place du passeport vaccinal, comme l’expliquait Axel Kahn sur CNews : « Pour ce qui est de l’accès aux activités sociales, cela n’est pas envisageable que tant que toutes les personnes qui veulent se faire vacciner ont pu se faire vacciner ». Car dans le cas contraire poursuit-il, il y aurait « une discrimination » qui tomberait sous le coup d’une saisine du Conseil d’État ou du Conseil constitutionnel.
« Revaccination périodique »
Pour Philippe Pascot, même si la possibilité de se faire vacciner était donnée à tous les Français, le passeport vaccinal constituerait tout de même une discrimination créant « deux catégories de citoyens », les autorisés et les non autorisés :
« Cela serait absolument liberticide comme décision. »
Même en termes de pertinence médicale, le débat sur le passeport vaccinal est loin d’être tranché. C’est ce que soulignait Dominique Le Guludec, présidente de la Haute Autorité de santé, sur France info le 12 janvier dernier :
« Nous ne nous sommes pas penchés sur cette question parce que tout bêtement, on ne sait pas si ce vaccin bloque la transmission, ça n’a donc pas de sens. Le jour où on le saura, il faudra voir qui et comment. Et ça, ce n’est pas forcément notre mission. L’obligation vaccinale […] dépend de la loi. »
Sans même parler de la question soulevée par la journaliste Charlotte d’Ornellas sur le plateau de Pascal Praud :
La version sans montage. pic.twitter.com/1UxSPXwmyo
— Babar le Rhinocéros (@Babar_le_Rhino) January 15, 2021
D’autant que les nouveaux variants du Covid-19 soulèvent des interrogations sur l’efficacité des vaccins développés. Selon Axel Kahn, « le scénario vers lequel nous allons, c’est une revaccination périodique, peut-être annuelle comme la grippe ».
« On va non seulement demander aux gens un vaccin, mais un vaccin à jour. Il va falloir aller se refaire piquer régulièrement pour monter dans un bus ? C’est insensé », s’insurge Philippe Pascot. Le soutien des Gilets jaunes met en avant la dimension économique du problème :
« Vous imaginez l’argent que cela représente pour l’industrie pharmaceutique si les citoyens doivent se faire vacciner régulièrement ? Ils ont senti le trésor. Il n’y a qu’à voir la vitesse à laquelle les vaccins ont été développés alors que cela prend normalement des années. »
Les sommes récoltées par les géants de l’industrie pharmaceutique grâce aux vaccins anti-Covid sont entourées de secret. Mais en novembre dernier, le PDG de Pfizer a vendu 5,6 millions de dollars d’actions le jour de l’annonce de l’efficacité du vaccin développé par la compagnie qu’il dirige et l’allemand BioNTech.
Et les géants du numérique (Microsoft, MITRE, Oracle, Safe Health, Salesforce) sont sur les starting blocks pour une version digitale du passeport : https://t.co/1txq3TSOYz
— Alexis Poulin (@Poulin2012) January 18, 2021
En parlant de puissantes entreprises, plusieurs géants de la Tech, dont Microsoft, Salesforce et Oracle, ont annoncé le développement d’un passeport vaccinal digitalisé afin de faciliter le déplacement des voyageurs. L’initiative, qui regroupe acteurs publics et privés s’intitule « Vaccination Credential Initiative » (VCI). D’après Tom, « le média du tourisme digital », l’objectif est de « développer conjointement un passeport de santé digitalisé pour permettre aux autorités et aux voyageurs d’accéder facilement aux données relatives sur la santé du passager et notamment sur la vaccination à la Covid-19 ».
« Si les géants de la Tech se positionnent, c’est pour une question financière. Ils ont évidemment vu une aubaine économique dans cette affaire », assure Philippe Pascot.
Nul doute que le débat sur le passeport vaccinal promet d’être acharné. Il y a quelques semaines, le projet de loi qui prévoyait de modifier l’article L.3131-9 du Code de la Santé publique et ainsi donner au Premier ministre le pouvoir de « subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transport ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin, ou d’un traitement curatif », a dû temporairement être remis dans les cartons devant la colère populaire.
Pour combien de temps ?