Volodymyr Zelensky veut limiter les activités de certaines organisations religieuses, en particulier l’Eglise orthodoxe ukrainienne, qui dépendait auparavant de la Russie, avant de s’en affranchir. En façade, du moins.
Le président Volodymyr Zelensky fait pression sur l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Kiev veut en finir avec l’ambiguïté chronique de cette institution religieuse, qui dépend du patriarcat de Moscou, tout en ayant déclaré son indépendance en mai. Un décret présidentiel (en langue ukrainienne), paru jeudi 1er décembre, prévoit ainsi de renforcer les mesures pour « contrer les activités subversives des services spéciaux russes dans l’environnement religieux d’Ukraine ».
Le lendemain, les forces de sécurité ont lancé plusieurs perquisitions dans le monastère Saint-Nicolas de Khoust, le couvent Sainte-Anastasie de Jytomyr et son Ermitage et d’autres monastères et églises dans le diocèse de Rivne-Ostroga. « Ces mesures sont prises, entre autres, pour empêcher l’utilisation des communautés religieuses comme centres du "monde russe" et pour protéger la population des provocations et des actes terroristes », ont justifié vendredi les services de sécurité (en langue ukrainienne) les services de sécurité, évoquant des mesures de contre-espionnage.
A l’issue de ces opérations, les services secrets (SBU) ont accusé le métropolite du diocèse de Kirovohrad, dans le centre du pays, d’avoir coordonné la diffusion d’opinions pro-Kremlin. Les autorités affirment qu’il recevait des circulaires directement du patriarcat de Moscou, ce qui a déclenché l’ouverture d’une enquête préliminaire à son encontre.
En 2019, l’Eglise orthodoxe d’Ukraine a prêté allégeance au patriarche Bartholomée, basé à Istanbul (Turquie). Elle est dite autocéphale, c’est-à-dire qu’elle jouit d’une totale indépendance juridique et spirituelle. Mais les perquisitions, elles, visent une institution concurrente : l’Eglise orthodoxe ukrainienne (anciennement Eglise autonome d’Ukraine), qui dépendait du patriarcat de Moscou, emmené par Cyrille.
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Les services ukrainiens ont déclaré avoir saisi de l’argent en roubles, en hryvnias et en dollars, ainsi que de la « littérature prorusse ». « Il s’agit de sermons du patriarche Cyrille, de livres sur le "monde russe" ou des théories conspirationnistes, eschatologiques et apocalyptiques dirigés contre une "décadence" occidentale » [...].
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait alors dénoncé « une guerre » de l’Ukraine contre « l’Eglise orthodoxe russe », tandis que l’Eglise orthodoxe russe y voyait un « acte d’intimidation » contre les croyants. Ce raidissement a débuté à l’automne, après un vaste remaniement à la tête des services secrets ukrainiens (SBU), opéré il y a deux mois, en raison de soupçons sur d’éventuels éléments prorusses.
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Volodymyr Zelensky a chargé son gouvernement de rédiger un projet de loi pour « rendre impossible les activités en Ukraine des organisations religieuses affiliées aux centres d’influence en Russie ».
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