Depuis un laps de temps, la milice du front al-Nosra ne se ménage pas de s’attaquer aux femmes, surtout celles appartenant aux minorités communautaires du pays.
Ainsi, le 14 février dernier a eu lieu l’enlèvement de 48 femmes, toutes des musulmanes chiites, dans la province d’Idleb. Une première dans le conflit où tout le monde s’accorde à ne jamais approcher les femmes, considérées comme « les honneurs des hommes » dans la culture arabo-islamique.
Or il s’est avéré que cette enfreinte est loin d’être un acte isolé, comme si cette milice d’Al-Qaïda aux affinités wahhabites a décidé de durcir sa ligne, déjà très féroce dans le conflit syrien.
Le jour même, c’est à dire le 14 février , rapporte Arabi-Press, le front al-Nosra a revendiqué l’assassinat de 3 jeunes étudiantes chrétiennes, tout en pensant qu’elles étaient alaouites (la communauté à laquelle appartient le président syrien Bachar el-Assad).
Dans un communiqué portant le numéro 251 diffusé sur son site Al-Manara, le front précise : « grâce à la bénédiction de Dieu, a été détruite une voiture transportant un nombre de chabihas (voyous) de la communauté nassirienne (alaouite),..., le 14-2-2013 dernier... ».
Or ces voyous présumés qui étaient à bord d’un minibus taxi étaient des étudiantes chrétiennes originaires de Mahrada, dans la province de Hama. Elles poursuivaient leurs études à l’université de Homs. Trois autres femmes du même village ont été blessées, alors que le chauffeur est décédé lui aussi.
Entourée de villages envahis par ces miliciens takfiristes, dont Helfaya et Taybet Imam, cette localité a fait l’objet de nombreuses agressions, dont une attaque kamikaze qui a fauché la vie de dizaines de ses habitants. De nombreux jeunes du village ont également été enlevés, et toutes les rues qui y mènent sont constamment piégées. Au début de l’insurrection, ses habitants ont été contraints sous la menace à fermer leurs magasins durant les grèves proclamées par les miliciens, faute de quoi ils seraient incendiés.
« Nous savons très bien que ce sont ces takfiristes qui ont tué les étudiantes. Ils sont tellement insolents qu’ils se sont vantés de l’avoir fait. C’est la preuve qu’ils sont débranchés de la réalité et qu’ils n’accordent aucune valeur à la vie humaine », a déploré Georges Khouri, un habitant de Mahrada.
Les "djihadistes du plaisir"
Les velléités du front al-Nosra semblent aussi extraterritoriales pour les femmes aussi. Tout comme pour les miliciens, qui renflouent des quatre coins du monde islamique l’insurrection syrienne.
En Tunisie, les parents affolée et en pleurs d’une jeune adolescente tunisienne ont lancé un appel de détresse, accusant le front al-Nosra de l’avoir enlevée et emmenée en Syrie.
Dans une vidéo diffusée sur Facebook, l’oncle de Rahmat a signalé qu’elle a disparu depuis le samedi dernier. Il accuse les djihadistes de lui avoir fait un lavage de cerveau et de l’avoir emmenée avec eux en Syrie, pour être à la disposition des miliciens, dans le cadre du « Jihad du plaisir ».
Les femmes au "jihad"
Et puis s’agissant toujours du jihad des femmes, une nouvelle milice de femmes a été créée en Syrie par l’Armée syrienne libre, comptant 6 femmes, toutes vêtues de noir et la tête encagoulée.
Cette milice féminine, baptisé "La voix du Vrai" (Saout al-Haq), est la deuxième du genre.
Une première, baptisée Bataillon Khawla Bin al-Azwar (du nom d’une poétesse et combattante arabe du 7ème siècle après J.C), a été créée le mois de janvier dernier, dans le gouvernorat de Deraa, au sud-ouest de la Syrie. Elle était elle aussi formée de 6 femmes.
Le 20 janvier dernier, l’agence américaine Sky News s’était faite l’écho de la première sniper femme de l’ASL, à Alep, qu’elle a présentée sous le pseudonyme Guevara.
Les femmes soldates
A noter que le gouvernement syrien a lui aussi formé une unité de femmes, et ce dans le cadre de l’Armée de défense civile formée de volontaires.
Selon les médias syriens, 9 divisions féminines ont vu le jour, comptant en tout 450 femmes entre 18 et 50 ans. Elles sont chargées de missions de surveillance et de secours des blessés. Certaines d’entre elles ont été vues à Homs, surveillant dans des barrages.
Voulant porter un coup de main à leurs homologues hommes, elles se sont baptisées "les femmes fedayins", en allusion aux premiers combattants palestiniens contre l’ennemi israélien.
Sachant que ce sont les femmes kurdes qui ont été les premières à descendre dans les rues, armées jusqu’aux dents, dans le gouvernorat de Hassaké.