Nicolas Sarkozy présente aujourd’hui ses voeux aux personnels de santé lors d’un déplacement au centre hospitalier Saint-Jean de Perpignan. Les hôpitaux sont à un tournant de leur histoire : 1.800 postes ont été supprimés en 2009, après 100.000 créations les dix années précédentes. Et ce n’est qu’un début.
La règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n’a jamais été appliquée aux hôpitaux. Au contraire, leurs effectifs avaient continué de progresser après l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Mais alors que le chef de l’Etat présente aujourd’hui ses voeux aux personnels de santé lors d’un déplacement au centre hospitalier Saint-Jean de Perpignan, l’hôpital est aujourd’hui à un tournant. L’an dernier, pour la première fois depuis au moins dix ans, l’effectif permanent a reculé : 1.800 postes de moins parmi les soignants -les infirmières par exemple, mais pas les médecins -et les non-soignants -emplois médico-techniques en imagerie médicale, logistique, transports, etc.
« Réserves de productivité »
C’est ce qu’a annoncé récemment Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France. Certes, ce chiffre est à prendre avec des pincettes : 1.800 emplois, cela ne représente que 0,2 % de l’effectif total. Et il peut inclure des actions d’externalisation : un hôpital qui transfère à un sous-traitant son service de blanchisserie ou de restauration verra son effectif diminuer, mais le nombre de salariés présents sur le site, lui, restera identique. Le chiffre est aussi à relativiser : sur les dix années précédentes, l’hôpital avait créé quelque 100.000 emplois, en raison notamment de la mise en place des 35 heures. Il n’empêche, la tendance est là, et elle ne concerne plus seulement les intérimaires ou les CDD, comme ces dernières années. L’hôpital tente bel et bien de réduire ses effectifs. « Il y a des réserves de productivité, a déclaré Raymond Soubie, conseiller social de l’Elysée, en novembre lors de la conférence santé des « Echos » et du « Quotidien du médecin ». Entre 2008 et 2015, il va y avoir 220.000 départs à la retraite. Si on veut faire des actions d’optimisation tout en préservant la qualité des soins, c’est maintenant qu’il faut le faire. » De nombreux grands établissements, en commençant par l’Assistance publique Hôpitaux de Paris, prévoient ainsi des plans de retour à l’équilibre financier sur trois ou quatre ans, qui intègrent de substantielles suppressions de postes (lire ci-dessous). Nicolas Sarkozy avait fixé comme objectif aux hôpitaux de ne plus être en déficit d’ici à 2012.
La situation est tendue
« Le seul moyen de rester dans les limites des enveloppes qui nous sont accordées consiste à réduire l’emploi, a argumenté de son côté Gérard Vincent devant les parlementaires de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale, le mois dernier. La masse salariale représente aujourd’hui de 68 % à 70 % de nos charges (...). La seule variable d’ajustement est donc la masse salariale. Cette question est moins taboue qu’elle ne l’était voilà encore quelques années. » Moins taboue peut-être, mais l’exécutif marche néanmoins sur des oeufs, car la situation est tendue sur tous les fronts. Après l’examen houleux au Parlement de la loi Bachelot, qui tente d’améliorer le fonctionnement de l’hôpital, les syndicats de médecins restent mobilisés. Ils demandent la modification de projets de décret du ministère de la Santé , qui, pour la plupart, ne sont pas encore parus. Le printemps doit aussi voir l’avènement des agences régionales de santé, créées par la même loi. Elles regrouperont les personnels de sept organismes différents (agences d’hospitalisation, DDASS, assurance-maladie...), ce qui inquiète sur le terrain.