Juif homo contre juif hétéro, qui gagne ?

La question se pose : derrière les deux personnalités, deux communautés se croisent et croisent le fer. Lors d’une interview sur le Buzz TV du FigMag le 19 juin 2023, Dave a répondu à l’animateur de TPMP !.

« Il parle aux gens comme si il nous prend pour des enfants, ça m’embête un peu, ça me rend un peu antisémite, et comme mon père était juif... »

L’andouille Verdez a démarré au quart de tour et s’est lancé dans une défense héroïque de son employeur, en arguant que l’antisémitisme c’est « très grave ». Oui mais voilà, Gilles Merguez peut ravaler sa salive puisque Dave se déclare juif ! La preuve dans cette interview sur Akadem :

« J’ai l’impression que vous êtes angoissé aussi comme un bon juif ashkénaze... »

Dave, qui a rarement mis sa « judaïté » en avant (un père juif ne suffit pas, théoriquement), a lâché une bombinette en s’autorisant « un peu » d’antisémitisme. Il risque d’être accusé d’antisémitisme, malgré sa judaïté.

Aujourd’hui, être taxé de juif antisémite est possible, on l’a vu avec Zemmour, qui a été accusé d’antisémitisme par le CRIF, qui a lancé un appel pour que « pas une voix juive » en 2022 n’aille au candidat à la présidentielle. La judaïté n’est donc pas une protection absolue. Ceci étant dit, Zemmour est redevenu un peu moins antisémite – ou un peu plus juif – depuis qu’il a subi ces attaques (verbales) dans le TGV :

Hanouna victime d’un peu d’antisémitisme

Comme pour Zemmour, l’affaire de l’antisémitisme du (vrai-faux) juif Dave tombe bien pour Hanouna, qui est actuellement sous le feu des critiques, avec le livre du chercheur de lumière Juan Branco, le travail (en cours) du magazine de France 2 Complément d’enquête et le portrait fouillé de Faits & Documents, une enquête serrée sur les liens et la véritable fonction politiques de l’animateur.

On sait que Branco a toujours eu envie d’arracher un gros bout de notoriété à ses clients ou ses adversaires. Informé et soutenu par Booba et ses 6 millions de followers – « simillon ! » selon l’expression consacrée par François Hollande –, il dénonce la mafia des influenceurs, qu’Hanouna défendrait, au vu de ses intérêts communs avec Stéphane Courbit et Magali Berdah. Qui, de son côté, se serait peut-être inventé un judaïsme protecteur... Bref, le livre de Branco n’a rien d’une enquête, c’est un règlement de comptes et un combat d’ego avec celui qui l’avait déjà reçu sur son plateau. Juan, cet ingrat, en avait profité pour déclarer qu’Hanouna tapait de la coke...

En résumé, Branco reproche à Hanouna d’être à la fois populaire et puissant, c’est-à-dire suivi par ceux d’en bas et protégé par ceux d’en haut, une sorte de consécration.

« Cyril Hanouna est comme un prêtre de temple, prêt à contourner l’autorité politique en pardonnant les agissements de ses invités s’ils font acte de soumission. Comme une alternative à l’État républicain laïc et à ses tribunaux. Mais il est sur une ligne de crête, en essayant de plaire au peuple et tout en recevant des ministres, ce qui lui donne un pouvoir et le protège de l’Arcom (ex-CSA). »

Branco, du haut de son ego insatiable, s’attaque aussi aux chroniqueurs d’Hanouna, qui sont franchement inoffensifs : ils jouent un rôle et l’avocat agité semble découvrir le fonctionnement très scénarisé de la télé...

« Toutes ces personnes sont payées, en moyenne entre 300 et 500 euros l’émission, pour accepter de se soumettre au chef d’orchestre, le présentateur, qui seul aura la possibilité d’altérer le cours de l’émission, et, après avoir distribué la parole selon l’intérêt qu’il aura à défendre tel ou tel point de vue sans avoir à s’exposer lui-même, en se préservant en quelque sorte un “totem d’immunité” qui l’aidera à mieux s’identifier au public, orientera le débat afin de satisfaire ce dernier. »

Comme toujours en France, on se jette les accusations d’antisémitisme à la tête, et c’est une bonne chose, puisqu’elles perdent de la force par l’effet d’accumulation. Au bout du trop-plein, il y a l’indifférence. Aujourd’hui, tout le monde ou presque a été traité d’antisémite, sauf peut-être BHL, et encore : quand il s’est levé contre le confinement et qu’il a défendu le protocole Raoult, il n’était pas loin de la correctionnelle, puisque n’importe quelle accusation politique finit toujours, par amalgames, devant le tribunal du CRIF ou de la LICRA.

Dave dispose donc de deux atouts, ou plutôt un et demi : membre de la communauté homosexuelle, il se dit juif (la journaliste d’Akadem n’ose pas le contrarier), donc il peut se mesurer à Hanouna, qui est juste juif, et pas homosexuel, la communauté hétérosexuelle n’existant pas – elle ne donne aucun point. On verra, si la brouille prend de l’ampleur, si la communauté gay organisée vole au secours de Dave. Cependant, s’il existe un CRIF pour les juifs en France, il n’y a pas officiellement de CRIF gay. Il y a bien des clubs transversaux qui associent des gays qui ont du pouvoir, mais ils ne pèsent pas encore directement sur la destinée du pays comme peuvent le faire Le Siècle ou le CRIF.

Remarquez, on dit ça, et on vient de réaliser que le gouvernement Borne est régulièrement secoué par un coming out homosexuel. On a parlé un peu vite, là. Si jamais, par exemple, au-delà des cas Dussopt et Attal, qui est très proche de la Véran, on découvrait que Borne était homosexuelle, et Colonna aussi, alors ce serait le pompon ! Quant au Président, on n’imagine même pas le scandale !

Heureusement, il est très proche, dit-on, d’une certaine Brigitte Trogneux, une femme beaucoup plus âgé, qui aurait, par le privilège de l’âge, une grande influence sur lui. C’est peut-être pour ça que Manu a fait le plein chez les boomers en 2017 et 2022, malgré un bilan catastrophique : il plaît à mort aux vieux !

On laisse le mot de la fin au sociologue Michel Maffesoli, qui malgré ses nœuds papillon, peut être assez surprenant.