Au lendemain des attentats à Bruxelles, qui ont tué 34 personnes et en ont blessé 230 encore, il s’est avéré que les autorités belges avaient reçu des avertissements spécifiques de l’attaque et avaient déjà l’année dernière identifié les hommes qui ont mené l’assaut comme étant des terroristes islamistes.
Le journal israélien Ha’aretz a écrit mercredi que les autorités savaient que l’aéroport Zavantem et la station de métro Maelbeek seraient ciblés :
« Ha’aretz a appris que les services de sécurité belges, ainsi que d’autres agences de renseignement occidentales, avaient en avance des avertissements précis concernant les attaques terroristes en Belgique de mardi. Les services de sécurité savaient, avec un degré élevé de certitude, que les attaques était planifiées dans un très proche avenir pour l’aéroport et, apparemment, pour le métro aussi ».
Les terroristes présumés étaient bien connus des autorités policières. Deux des kamikazes, Khalid El Bakraoui, qui a attaqué la station de métro, et son frère Ibrahim El Bakraoui, qui a fait exploser une bombe à l’aéroport, avaient été reconnus coupables de vol à main armée et étaient connus pour avoir des liens avec les attentats du 13 novembre à Paris menés par l’État islamique (EI). Les deux ont été identifiés post mortem par leurs empreintes digitales.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu’Ibrahim El Bakraoui, détenu en Turquie, avait été identifié en tant que combattant islamiste, puis expulsé vers les Pays-Bas l’année dernière.
« L’un des auteurs de l’attaque de Bruxelles est une personne que nous avons détenue en juin 2015 dans [la province sud-est de] Gaziantep et déportée… Nous avons informé l’ambassade de Bruxelles de la procédure d’expulsion de l’attaquant avec une note le 14 juillet 2015. Cependant, les Belges ont libéré l’attaquant malgré son expulsion », a déclaré Erdogan.
Erdogan a ajouté que les autorités belges ont été incapables d’établir des liens entre El Bakraoui et les activités terroristes, malgré les avertissements turcs, qui ont été « ignorés ».
Reste à identifier un autre kamikaze qui s’est fait exploser à l’aéroport ; le troisième attaquant aéroport, identifié comme Najim Laachraoui, court toujours. Les autorités belges chercerhaient un homme d’origine turque de 22 ans, qui conduisait une vieille Audi A4 de couleur sombre.
Ceci soulève des questions des plus graves sur comment et pourquoi les renseignement belges et alliés ont permis que les attentats de Bruxelles aient lieu. Après quinze ans de la « guerre contre le terrorisme » déclarée par Washington après le 11 septembre 2001, les agences de renseignement sont capables de suivre la quasi-totalité des téléphones portables et de l’activité sur Internet. Les affirmations selon lesquelles les attentats ont eu lieu parce que les agences de renseignement belges et alliées ne disposaient pas des moyens de les arrêter ne sont pas crédibles.
La Belgique est en état d’alerte avancée depuis des mois. Bruxelles a été verrouillée après les attentats du 13 novembre à Paris, et de nouveau après la capture la semaine dernière de l’attaquant du 13 novembre Salah Abdeslam. Les forces belges avaient été averties des cibles d’une attaque et de l’identité des assaillants. Néanmoins, on a permis à l’équipe EI d’amasser un grand stock de matériel pour fabriquer des bombes et de planifier, de préparer et d’exécuter des attentats coordonnés dévastateurs.
Lors du premier verrouillage de Bruxelles, suite aux attentats de Paris, 16 personnes ont été arrêtées et 22 perquisitions ont été menées, sans résultat. Pendant tout ce temps, Abdeslam vivait à quelques kilomètres de la maison de ses parents.
La capture d’Abdeslam dans un raid la semaine dernière a apparemment poussé les terroristes ISIS à agir. Sur l’ordinateur portable d’Ibrahim El Bakraoui, trouvé dans une poubelle dans la rue, la police a trouvé un enregistrement de Bakraoui qui disait, selon le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, qu’il agissait « dans la précipitation ». Il disait « ne plus savoir quoi faire », comme il était « recherché de partout et n’était plus en sécurité », et que « s’ils s’éternisent, ils risquent de terminer à côté de lui dans une cellule ».