L’administration américaine a mis fin à son partenariat d’exploration robotique de Mars avec les Européens dans son projet de budget pour 2013 soumis lundi au Congrès, semant la consternation dans les milieux scientifiques.
« Des choix difficiles sont nécessaires ce qui signifie que nous ne poursuivons pas le projet des missions ExoMars en 2016 et 2018 avec l’Agence spatiale européenne », a déclaré en conférence de presse le patron de la NASA, Charles Bolden, commentant le projet de budget 2013 dévoilé quelques heures avant.
La Maison-Blanche propose de réduire le budget consacré à l’exploration robotique de la planète rouge de 38,5% (226 millions de dollars en moins) par rapport à 2012 pour le ramener à 361 millions de dollars, éliminant de facto les fonds prévus l’an prochain pour ExoMars.
Il s’agit de la seule coupe notable dans les différents postes du projet de budget de la NASA pour l’année fiscale 2013 débutant le 1er octobre 2012, qui globalement ne baisse que de 0,3% pour atteindre 17,7 milliards de dollars.
ExoMars prévoyait l’envoi de deux sondes sur Mars —la première en 2016 et la seconde en 2018— pour effectuer entre autres des forages dans le sol martien et ramener des échantillons sur Terre au début des années 2020.
Selon l’accord conclu en 2009, la NASA devait contribuer à hauteur de 1,4 milliard de dollars à ces deux missions, contre 1,2 milliard pour l’ESA.
L’agence spatiale américaine explique cette décision par des contraintes budgétaires qui la forcent à reformuler son programme d’exploration robotique de Mars.
« Les fonds pour l’exploration robotique de Mars sont réduits à la suite du lancement en 2011 de la sonde martienne Mars Science Laboratory —qui doit se poser sur la planète rouge en août— et du quasi-achèvement de la sonde Mars Atmosphere and Vollatile Evolution Mission », devant être lancée en 2013 pour étudier l’atmosphère martienne, indique la NASA.
« La reformulation du programme martien de la NASA permettra une approche plus intégrée ce qui va faire avancer les objectifs scientifiques et d’exploration habitée compatibles avec les ressources budgétaires disponibles », a insisté M. Bolden.
Mais « la NASA reste désireuse de travailler avec des partenaires internationaux pour identifier les possibilités de coopération dans l’exploration de Mars », a-t-il ajouté.
« C’est une tragédie pour le milieu scientifique », a réagi le professeur d’astronomie Scott Hubbard de l’Université de Stanford et ancien haut responsable du programme d’exploration de Mars de la NASA.
« Je pense aussi que c’est embarrassant pour le pays », a-t-il dit à l’AFP, soulignant que « la NASA met fin à l’un de ses programmes les plus fructueux de la décennie ».
Pour l’astronome Louis Friedman, ancien responsable de la NASA et membre de la Planetary Society, une association d’astronomes et de planétologues de renom, « le problème n’est pas l’argent dont dispose l’agence mais le fait de le dépenser notamment à travers le programme du nouveau lanceur lourd dont personne n’a besoin ».
Bill Nye, directeur général de la Planetary Society, estime quant à lui que ces coupes budgétaires risquent d’entraîner la perte d’un savoir-faire unique en matière d’exploration robotique de Mars.
« Nous craignons que ces programmes, une fois arêtés, ne puissent plus être relancés », explique-t-il, pointant du doigt le récent échec de la mission russe Roscosmos Phobos-Grunt vers Mars.
John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington, explique à l’AFP que les Etats-Unis se sont retirés d’ExoMars car « ils n’ont pas les moyens de s’engager sur un autre projet coûtant plusieurs milliards de dollars ».