Les Chinois, très critiques depuis un an à l’encontre de la politique d’endettement de Barack Obama, qui pèse sur la valeur de leurs actifs en dollars, ont mis leurs menaces à exécution. Les dernières données du département du Trésor montrent en effet que la Chine a nettement réduit, en décembre dernier, ses détentions d’obligations d’Etat américaines. La panique pourrait très vite gagner les marchés.
Selon les statistiques de Washington, les investisseurs chinois auraient réduit de 4,3 % la valeur de leur portefeuille sur le dernier mois de 2009 pour ne plus détenir que 755,4 milliards de dollars de bons du Trésor. Depuis juillet dernier, la Chine a même vendu au total 45,1 milliards de bons du Trésor et ainsi logiquement laissé le Japon retrouver le titre de premier créancier des Etats-Unis.
Capacité de nuisance
Commentant ces variations, plusieurs économistes ont cru déceler le début d’une tendance de fond qui risque de peser dangereusement sur la stratégie de reprise dessinée par le gouvernement américain. Pour les analystes les plus catastrophistes, les autorités chinoises auraient profité d’une dégradation de leurs relations politiques avec Washington pour confirmer leur méfiance à l’égard de la dette américaine et faire sentir leur capacité de nuisance à l’administration Obama, qui ose les défier sur les dossiers taïwanais et tibétain.
En novembre dernier, à la veille de la première visite officielle de Barack Obama en Chine, beaucoup d’observateurs occidentaux avaient cru pouvoir louer l’émergence d’un « G2 » associant Pékin et Washington dans un dialogue apaisé portant sur les grands enjeux internationaux. Depuis, la relation entre la Chine et les Etats-Unis s’est considérablement tendue et la rencontre, aujourd’hui, entre le président américain et le dalaï-lama devrait attiser encore les frictions bilatérales entre la première et la troisième puissance économique mondiale.
Risque de Faillite
L’agence de notation Moody’s a prévenu hier qu’en cas de croissance trop faible aux États-Unis, la note « AAA » de la dette du pays pourrait être menacée. Même si elle n’a aujourd’hui pris aucune mesure concrète, c’est-à-dire pas de dégradation de note ni de mise sous perspective négative, il s’agit d’une première alerte qui pourrait en entraîner d’autres plus sérieuses.
Le gouvernement américain prévoit un déficit public de 1.565 milliards de dollars soit 10,6% du PIB à la fin de septembre 2010, son plus haut niveau depuis la seconde guerre mondiale.