C’est d’une seule voix que les BRICS, réunis jeudi 29 mars à New Delhi, ont réaffirmé leur refus de toute ingérence étrangère en Syrie et leur soutien au plan de paix défendu par Kofi Annan, sur la base de l’ouverture d’un dialogue régime-opposition et de la mise hors d’état de nuire des groupes terroristes.
Déjà unis économiquement, les cinq nations constitutives des BRICS – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – sont convenues de resserrer leurs liens politiques et diplomatiques. Cela vaut pour la Syrie, à laquelle les BRICS vont apporter une aide humanitaire, pour pallier les conséquences de l’embargo économique occidental et des destructions causées par les combats, mais aussi pour l’Iran dont les participants au sommet de New Delhi ont tenu à souligner le rôle dans le développement pacifique et la prospérité de la région, ce qui à valeur de « véto » aux condamnations et menaces occidentales relatives à ce pays.
D’ailleurs, Dimitri Medvedev a annoncé dans un discours d’ouverture du sommet que les BRICS allaient s’atteler à une meilleure « coordination » entre eux et les Nations-Unies, afin de mieux faire appliquer les lois internationales, et plus concrètement empêcher que le Conseil de sécurité soit utilisé comme un moyen de pression sur les pays dont les politiques ne correspondent pas avec celles de « certains membres » du dit Conseil : là, l’allusion est plus que transparente aux récents agissement euro-américains à New York contre la Syrie.
Bref, on l’aura compris, le 4e sommet des BRICS voit la naissance d’un pôle, anti-impérialiste plutôt qu’anti-occidental, véritable contrepoids géopolitique à l’hégémonisme et à l’interventionnisme euro-américain, jamais vraiment contenu depuis le premier conflit irakien en 1991. Et ce front du refus a vu le jour, on peut le dire, à la faveur de la crise syrienne : au cours des mois écoulés, Russes et Chinois, suivis par les trois autres BRICS mais aussi nombre de nations latino-américaines, arabes ou asiatiques, ont en effet pris la mesure de la mauvaise foi, de l’ingérence et de l’arrogance des diplomaties américaine, britannique, française, eurocratique et de leurs alliés objectifs arabes.
En voulant, grisés par leur « succès » libyen, s’ « offrir » la Syrie comme ils s’étaient naguère « payé » l’Irak, les Occidentaux ont vraiment joué l’ingérence « de trop » : non seulement ils ont échoué à subvertir la Syrie, qui a résisté autour de son président une longue et difficile année, mais ils ont achevé de faire prendre conscience au reste du monde qu’ils n’étaient pas les bons apôtres de la paix et de la démocratie qu’ils prétendaient être depuis plus de vingt ans. Le front des BRICS est une première réponse à cette tentative de mise au pas de la planète : une réponse d’ampleur car à eux cinq, les BRICS rassemblent déjà 45% de la population de la planète et un quart de son P.I.B. !
Décidément, la Syrie a bien été le révélateur d’un malaise universel !