L’opposition de centre gauche a remporté une courte victoire aux élections législatives de dimanche en Suède, après huit années de gouvernement de centre droit, mais elle n’a pas obtenu la majorité absolue, montrent les projections après le dépouillement de presque tous les bureaux de vote.
Le Parti social-démocrate et ses alliés écologistes et du Parti de gauche ont recueilli 43,7 % des voix, soit 160 sièges, contre 39,1 % (142 sièges) à la coalition du premier ministre sortant, Fredrick Reinfeldt.
La surprise est venue des Démocrates suédois, un parti d’extrême droite anti-immigration, qui a obtenu un résultat bien meilleur qu’attendu, avec 13 % (47 sièges).
Il fit plus que doubler son score par rapport au précédent scrutin, il y a quatre ans, mais aucun autre parti ne veut composer avec lui.
Fredrick Reinfeldt, qui avait exclu à l’avance toute alliance avec l’extrême droite, a d’ailleurs concédé sa défaite dimanche soir, et annoncé qu’il remettrait lundi la démission de son gouvernement.
« Le centre gauche a davantage de sièges que l’Alliance (de centre droit) », a déclaré le premier ministre à ses partisans. « Demain, je remettrai donc ma démission et celle de mon gouvernement. »
Le chef du Parti social-démocrate, Stefan Lofven, qui a promis de consacrer 40 milliards de couronnes (6 milliards de dollars canadiens) à la création d’emplois, à l’éducation et aux dépenses sociales, devrait être appelé à former le prochain gouvernement.
Mais sa marge de manoeuvre s’annonce extrêmement réduite, puisque la coalition entre son parti, les écologistes et le Parti de gauche n’atteint pas la majorité absolue de 175 sièges, ce qui préfigure d’un gouvernement minoritaire qui aura du mal à imposer son agenda législatif.
Avec 3,2 % des suffrages, le parti de l’Initiative féministe, qui avait indiqué qu’il soutiendrait un gouvernement de centre gauche, n’atteint pas la barre de 4 %, le seuil requis pour avoir des élus au Parlement.
Il avait créé la surprise aux élections européennes de mai dernier en remportant plus de 5 %.
Incertitudes
« C’est une situation difficile pour la Suède », a commenté le ministre des Finances sortant, Anders Borg. « On va passer d’un des gouvernements les plus solides d’Europe à un gouvernement aux pouvoirs limités avec de grosses incertitudes sur sa politique économique. »
Les enquêtes d’opinion réalisées avant le scrutin témoignaient d’une lassitude de l’électorat après les huit années de gouvernement Reinfeldt, qui a mis fin en 2006 au règne quasi ininterrompu des sociaux-démocrates depuis les années 1930.
Au cours de ses deux mandats, les impôts ont été réduits de 20 milliards de dollars canadiens environ, faisant passer les prélèvements obligatoires de 49 à 45 % du PIB, mais l’État providence s’est affaibli, le chômage a progressé à 8 %, frappant particulièrement les jeunes et les immigrés, l’enseignement a souffert et une partie de l’électorat apprécie peu l’implication croissante du secteur privé dans le domaine de la santé.
Les partis de gauche, qui ont avancé en ordre dispersé, ne semblent pourtant pas avoir pleinement exploité les faiblesses du gouvernement sortant.
L’extrême droite, qui réclame une réduction de 90 % du nombre de demandeurs d’asile admis en Suède, a en revanche capitalisé sur la grogne populaire en obtenant un nombre record de sièges au Parlement.
Le chef des Démocrates suédois, Jimme Akesson, s’est réjoui de ce résultat, qui traduit le rejet par une partie de la société de la Suède comme « superpuissance humanitaire », selon l’expression de Fredrick Reinfeldt, et qui place surtout son parti au centre de l’échiquier politique.
« Il n’est plus possible de nous ignorer pour diriger le pays », a-t-il déclaré à ses partisans en liesse. « Nous sommes désormais en position de jouer les arbitres. »