Malgré les pressions de l’axe Washington/Bruxelles et une campagne médiatique relayant avec zèle les « manifestations d’amour » pour l’Union européenne, la Russie est sortie vainqueur de ce bras de fer avec l’Empire.
L’accord signé le 17 décembre dernier entre Vladimir Poutine et Viktor Yanoukovitch (photo ci-dessus) ne porte pas que sur le développement économique, mais comporte un important volet militaire.
La Russie possède à Novorossiisk un port en eau profonde, mais c’est à Sébastopol, en territoire ukrainien, que sont stationnés les bâtiments de la flotte de la mer Noire et son quartier général.
Un contrat de location de ces installations entre les deux nations court jusqu’en 2042. Celui-ci prévoyait un remplacement « type pour type » de chaque unité, restreignant ainsi le nombre et le type de bâtiments.
Le nouvel accord entraîne une nette évolution du contrat et l’on s’achemine vers un renforcement de la puissance russe en mer Noire, et donc en Méditerranée.
Dix-huit nouveaux bâtiments vont apparaître d’ici 2020 à Sébastopol. En 2014, deux sous-marins classiques (non-nucléaires) : le Novorossiïsk, surnommé « le chasseur silencieux » (tellement discret que l’US Navy l’a surnommé le « Trou noir ») et son jumeau le Rostov-sur-le-Don. Six exemplaires d’une nouvelle classe de frégates lance-missiles multi-missions (patrouille, escorte, lutte anti-sous-marine et anti-navires) de classe Krivak IV dont le premier, l’Amiral Grigorovitch, sera mis à flot à la fin de cette année.
On parle aussi de l’utilisation des chantiers navals ukrainiens (qui ont construit le porte-avions chinois Liaoning) afin d’accélérer la livraison de nouveaux navires de guerre russes, les chantiers de la Baltique étant au maximum de leurs capacités.
Outre la base de Tartous en Syrie, la Russie cherche à multiplier ce type de point d’appui afin d’accroître sa présence en Méditerranée. Ainsi, en décembre 2013, le Monténégro a refusé la demande russe d’implanter une base navale dans la ville de Bar, sur le littoral adriatique, pour l’entretien et l’approvisionnement de son escadre méditerranéenne. Au contraire, le président de ce petit pays, issu de l’éclatement de la Yougoslavie, s’est fendu d’une déclaration lors de sa rencontre avec le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen :
« Je veux insister sur le fait que le Monténégro est prêt à poursuivre sa collaboration et souhaite devenir membre de l’Otan dès que possible. »
La Grèce a aussi été approchée, lors de la visite à Athènes en décembre dernier de M. Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense :
« Nous souhaitons élargir la présence de notre flotte en Grèce. Je parle de la possibilité de réparer nos navires sur les chantiers navals grecs. »
Souhaitant gagner un « match retour » en Ukraine suite à l’échec de l’agression atlantiste en Syrie, les forces impériales ont échoué. Pis : elles ont renforcé la puissance russe en rendant possible l’évolution de l’activité de l’armée russe à Sébastopol.