Dans la foulée d’un début d’année mouvementé sur les marchés financiers, aujourd’hui, Egon Von Greyerz – l’homme qui est devenu une légende pour ses anticipations sur le Quantitative Easing (planche à billets), les fluctuations des devises et des événements mondiaux majeurs – vient d’avertir : « La crise va se propager telle une traînée de poudre et il n’y aura nul endroit où se cacher ». Voici son texte :
En fin de semaine dernière, le vendredi 3 Juin 2016, nous avons reçu une autre série de chiffres qui, bien que manipulés, ont encore horrifié le monde financier. Les créations d’emplois n’ont augmenté que de seulement 38 000, ce qui était extrêmement inférieur aux anticipations. Mais à cela, si vous ajoutez les 244 000 emplois fictifs créés aux 484 000 travailleurs qui ont été contraints de passer d’un travail à temps plein à un job à temps partiel, nous obtenons alors une réduction des emplois à temps plein de 690 000 postes au total !
Depuis 2007, 21 millions d’américains supplémentaires sont arrivés sur le marché de l’emploi, or depuis ce temps, seulement 5 millions d’entre eux ont été embauchés et sur ces 5 millions, il n’y a que 2 millions de salariés qui travaillent à temps plein. Et la qualité des emplois baisse également de manière spectaculaire. Depuis 2007, 1,5 million d’emplois de serveurs et barmans ont été créés contre autant d’emplois détruits dans l’industrie manufacturière. Mais du fait d’une méthode de calcul complètement stupide et dévoyée, le taux de chômage a baissé de 5 % à 4,7 %. Ce nombre de personnes en âge de travailler qui quittent en masse la population active est totalement ignorée. Il y a maintenant 94,7 millions d’Américains en âge de travailler, soit le 1/3 de la population qui est sans emploi. Et pour ceux qui ont un emploi, le salaire moyen a constamment baissé depuis les années 1970.
L’économie américaine en faillite
Ces derniers chiffres prouvent que l’économie ne se trouve absolument pas en plein essor. Or le monde entier se focalise chaque mois sur ces chiffres du chômage qui sont manipulés. L’économie américaine, ainsi que celle de nombreux autres pays, est en faillite et ne dispose que d’un sursis (rachat de temps à crédit) en raison de l’impression monétaire massive (planche à billets) et des taux d’intérêt à zéro voire négatifs. La dette publique américaine a plus que doublé depuis 2007, moment où la crise des « subprimes » avait éclaté. La dette étudiante comme celle liée aux prêts consentis dans le secteur de automobile ont connu une croissance exponentielle et chacune des deux se trouve dorénavant supérieur à 1000 milliards de dollars. Les bénéfices des sociétés sont en baisse et la plupart des statistiques économiques sont en chute libre, comme par exemple pour le secteur immobilier et celui des ventes au détail.
Ceux qui observent les marchés ignorent totalement les réels chiffres ainsi que les tendances à long terme, puisqu’ils ne s’intéressent qu’à ce que la FED va dire ou faire. La plupart des gens ne réalisent pas que la Réserve Fédérale américaine berne le monde depuis un très long moment. La hausse des taux en décembre était totalement à contre courant des tendances économiques américaines qui baissent et plus encore par rapport aux tendances économiques et monétaires internationales qui ne cessent de se dégrader.
Alors que de plus en plus de pays sont passés aux taux négatifs, il est totalement absurde pour la FED d’essayer de faire croire qu’elle peut augmenter les taux. La dette souveraine à taux négatif est évaluée à plus de 10 000 milliards de dollars actuellement. Comme je l’ai dit en décembre, la hausse des taux était alors une anomalie et je ne crois pas que la FED puisse les augmenter dans les prochains mois ou même cette année.
Des centaines de milliers de milliards ont été imprimées
Les marchés mondiaux se concentrent uniquement sur les indicateurs et les plans d’actions à court terme tout en ignorant totalement la situation désespérée dans laquelle se trouve l’économie mondiale. La dette mondiale a augmenté de plus de 60 % depuis que la crise a commencé en 2007 et est susceptible de croître à un rythme beaucoup plus rapide dans les prochaines années.