Dans un récent article du Haaretz, Gideon Levy un éminent éditorialiste israélien affirme que le sionisme est hors sujet en ce qui concerne les Israéliens. Proche de la ligne que je défends moi-même dans mon livre « Quel Juif errant ? », Levy affirme que les Israéliens ne comprennent pas ce que représente le sionisme . Pour eux c’est une notion archaïque.
Le sens de celui-ci est simple. Ce qui semble être un vif débat sioniste/antisioniste est en fait une querelle interne de la diaspora juive sans aucun sens pratique important.
Levy écrit, « en 2012, le 64ème anniversaire de l’état (juif) personne ne sait avec certitude ce qu’il reste du sionisme , quel est son rôle, et comment il se définit ».
« Que ce qu’un sioniste ? » Demande Levy. « La vérité c’est qu’il n’y a pas de réponse. Pas parce que le sionisme n’était pas une cause juste – ça l’était, même si il a été entaché par des injustices inutiles, et pas parce qu’il n’a pas eu de succès. Il a été la plus belle réussite du 20ème siècle. Mais ce siècle est terminé et sa belle réussite a été établit- le foyer nationale en résultant et c’est maintenant un pouvoir régionale. Tous ceux qui le voulaient l’ont rejoint (environ 1/3 des Juifs) et la porte reste ouverte aux autres ».
Le sionisme était clairement une idée révolutionnaire Judéo-centrée, mais il semble que son but a été atteint en 1948. Donc ce n’est pas une surprise si les Israéliens d’aujourd’hui n’arrivent pas à saisir la signification du sionisme . Si les premiers sionistes avaient promis de transformer le Juif de la diaspora en un être civilisé, les Israéliens pour une raison ou une autre se voient comme des sujets civilisés. Ils sont, tout du moins dans leurs propres yeux, des produits post révolutionnaires.
Donc, Levy affirme que « le sionisme n’est plus pertinent et sa place est désormais dans les livres d’histoire ». Il suggère que « la signification du sionisme a été perdu pour nous (les Israéliens). C’était inévitable car il a accompli sa tâche ».
Similaire à la ligne de pensée que je développe dans « Quel Juif errant ? », Levy fait lui aussi la différence entre le patriotisme Israélien et le sionisme . « Tous ceux qui contribuent à l’état sont des citoyens méritant et des patriotes décents, tous ceux qui sont requis pour servir dans l’armée, exactement comme ceux qui sont présumés y payer leurs taxes, remplissent leurs obligations légales. Ceci n’a aucun lien avec le sionisme et ses valeurs ».
Toutefois, aussi juste qu’il soit dans sa lecture des Israéliens et de la société israélienne, il est possible qu’en tant qu’israélien il passe à côté du rôle du sionisme en tant qu’identifiant symbolique collectif de la diaspora juive. L’état juif a une fonction claire et significative au sein du discours de la diaspora juive d’aujourd’hui. L’immense majorité des Juifs de la diaspora et des institutions Juives s’identifient ou s’affilent à Israël et supportent sa cause.
C’est aussi vrai que certains Juifs sont critiques à l’égard d’Israël et de sa politique. Certains d’entre eux s’identifient comme antisionistes. Pourtant, si on garde à l’esprit les observations de Levy, la signification de tout cela est que le débat entre les sionistes et leurs opposants Juifs (antisionistes) a très peu d’importance politique pour les Israéliens, la politique Israélienne et même les palestiniens. Ce débat est là pour aider les Juifs de la diaspora à s’identifier eux-mêmes politiquement, spirituellement et socialement. Ceci a une signification pratique ou pragmatique très limité voir inexistante.
Mais il semblerait aussi que Levy ignore l’immense impact des lobbies et des sionistes au sein de la politique Occidentale. Aux USA, c’est l’AIPAC qui domine la politique extérieure du pays. Ici en Grande Bretagne, 80% des députés du principal parti sont membres du CFI (Amis conservateur d’Israël). La situation en France et au Canada est similaire. Donc, autant le sionisme est étranger aux Israéliens, autant il est pertinent pour les Juifs de la diaspora.
Avec l’AIPAC poussant l’Amérique à une attaque contre l’Iran, le sionisme est une menace pour la paix dans le monde. Et pourtant, je ne sais comment, mais ce sont les Juifs antisionistes qui font tout le nécessaire pour faire taire n’importe quelle critique des lobbies sionistes et du pouvoir juif au sein de la politique occidentale.
Autant Levy a raison quand il suggère que le sionisme est mort en Israël, autant celui-ci est en pleine forme en Occident. C’est probablement l’école de pensée la plus influente et dangereuse. Surtout depuis que le sionisme s’est éloigné de la notion relativement modeste de « terre promise » pour une idéologie expansionniste globalement agressive visant à une « planète promise ».