La Maison Blanche a pour la première fois reconnu que le régime syrien avait eu recours à son stock d’armes chimiques « à de multiples reprises ». Des données mensongères, selon un député russe.
Ce franchissement de la « ligne rouge » édictée par Washington a conduit la présidence américaine à décider d’accorder une « aide militaire » aux rebelles. La Maison Blanche n’a toutefois pas précisé dans l’immédiat si cette aide englobait la livraison d’armes, alors que les États-Unis ont refusé jusqu’à maintenant de franchir ce pas.
« Après un examen approfondi, la communauté du renseignement (américaine) estime que le régime Assad a utilisé des armes chimiques, dont du gaz sarin, à échelle réduite contre l’opposition à de multiples reprises dans l’année écoulée », a déclaré le conseiller adjoint de sécurité nationale du président Barack Obama, Ben Rhodes.
« Notre communauté du renseignement a une confiance élevée dans cette évaluation, étant donné les sources d’information multiples et indépendantes » à ce sujet, a ajouté M. Rhodes, moins de 10 jours après que la France fut parvenue aux mêmes conclusions et eut communiqué les éléments en sa possession à ses alliés de Washington.
Le renseignement américain « estime que 100 à 150 personnes sont mortes à la suite d’attaques aux armes chimiques en Syrie jusqu’ici. Cela dit, les données sur les victimes sont sans doute incomplètes », a remarqué M. Rhodes.
Soutien aux rebelles
« Même si le nombre de victimes dans ces attaques ne représente qu’une petite fraction des pertes en vies humaines catastrophiques en Syrie, qui dépassent désormais plus de 90 000 morts, le recours à des armes chimiques viole les règles internationales et franchit clairement des lignes rouges qui existent depuis des décennies au sein de la communauté internationale », a-t-il dit.
Le président Obama, depuis l’été 2012, avait mis en garde de nombreuses fois le régime de M. Assad contre le recours aux stocks d’armes chimiques qu’il a reconnu posséder. Il avait dit que cela reviendrait à franchir une « ligne rouge » et changerait « les règles du jeu ».
Barack Obama « a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c’est le cas », a assuré M. Rhodes, en révélant que le président américain avait décidé de fournir un « soutien militaire » aux rebelles syriens.
Le conseiller n’est pas allé jusqu’à parler de livraisons d’armes. Mais cette aide sera « différente tant en nature qu’en échelle, de ce que nous avons fourni jusqu’ici », a-t-il dit.
Consultations
M. Rhodes a par ailleurs affirmé que la Maison Blanche n’était pas encore parvenue à une décision sur l’imposition ou pas d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, alors que le Wall Street Journal a assuré jeudi soir que le Pentagone avait présenté un tel plan à la tête de l’exécutif.
Attendu en Irlande du Nord en début de semaine prochaine pour le sommet du G8, M. Obama y « consultera ses partenaires » au sujet de la Syrie, a souligné M. Rhodes, en évoquant aussi la Russie, soutien jusqu’ici indéfectible du régime Assad qui a bloqué à l’ONU toutes les résolutions contraignantes contre Damas.
« Nous avons communiqué les informations sur les armes chimiques aux Russes (...) et nous pensons que la Russie et tous les membres de la communauté internationale devraient être préoccupés » par un recours à de tels armements, a remarqué M. Rhodes.
Il a répété la position américaine selon laquelle une transition politique en Syrie devrait inclure « une démission de Bachar al-Assad ». Mais « les Russes ne l’ont pas encore accepté », a-t-il concédé.
Données mensongères
Les conclusions des Occidentaux sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie par les forces de Bachar al Assad sont des faux. Elles sont comparables aux accusations sur les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein, a affirmé vendredi un influent député russe proche du Kremlin.
« Les informations sur l’utilisation par Assad d’armes chimiques sont des faux du même ordre que les mensonges concernant les armes de destruction massive de Saddam », a commenté Alexei Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma.« Obama, ajoute-t-il sur son compte Twitter, emprunte la même voie que George Bush », ajoute-t-il.