Plus d’impôts, moins de frontières, l’eau tiède du programme de Macron un goût à la fois très socialiste et libéral. L’homme qui manie une démagogie sans vergogne contre le populisme est un idéologue du mondialisme.
Quand Emmanuel Macron a « dévoilé » ses huit « mesures phares » en matière d’économie en novembre dernier, les commentateurs ont été aussi déçus que des amateurs de strip-tease devant une burqa. Comme pour la « grande loi sur l’activité » qui avait débouché en 2014 sur quelques nouvelles lignes d’autocar. Très fort pour les effets d’annonce alléchants, le Don Juan de la politique française disparaît pour ainsi dire au moment de passer à l’acte. Au point que le parisianisme politique a parlé abondamment d’« eau tiède » et réclamé à grands cris son programme au candidat.
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La démagogie mondialiste liquide le législatif au nom du bien
Je ne vais pas vous tenir jusqu’au réveillon sur le programme d’Emmanuel Macron, vous en souffrirez assez vite s’il est élu, mais juste encore un petit coup sur un truc dans l’actualité, un joli petit bijou de démagogie socialiste, à propos des assistants parlementaires, sujets à la mode. Voyons d’abord d’où l’on part : depuis des décennies, les parlementaires, en sus de leur indemnité, avaient droit d’une part à quelques avantages, de l’autre à des enveloppes pour ceux qui les assistaient. Pourquoi ? Pour leur permettre de vivre décemment et d’agir efficacement, sans se laisser tenter par les sirènes de la corruption, qu’elles viennent du privé ou du public. Ils usaient de ces enveloppes souverainement, sans que l’exécutif, soit directement, soit par le biais du judiciaire, n’ait à y voir : telle étaient la séparation des pouvoirs et l’impartialité de l’État.
Aujourd’hui, dans le cadre de la liquidation de la démocratie par la gouvernance mondiale, l’exécutif et le judiciaire déjà gagnés à l’idéologie mondialiste procèdent à la mise au pas du législatif, au nom bien sûr du progrès, de la transparence et de l’exemplarité : telles sont les roueries ordinaires de la démagogie.
Les aventures du jeune Macron au parlement
Voyons en particulier ce que propose le jeune Macron. « Nous interdirons, dit-il, aux parlementaires l’emploi de proches ou de membres de leur famille pour mettre fin au népotisme ». Jolie phrase, mais assez bête. Si le népotisme existe, en France comme ailleurs, il n’a pas besoin des assistants parlementaires pour prospérer. Cette proposition serait donc parfaitement inefficace. Elle serait également injuste, et à mon avis anticonstitutionnelle, en ce qu’elle créerait deux catégories de citoyens devant l’emploi : il y aurait pour ainsi dire une préférence anti-familiale.
Enfin, elle est inapplicable : comment déterminer ce qu’est un « proche » ? Macron ignore-t-il, ou feint-il d’ignorer, qu’en dehors de la centaine de parlementaires répertoriés qui emploient un membre de leur famille comme assistants parlementaires, des députés et sénateurs beaucoup plus nombreux emploient pour les assister des maîtresses et des amants ? Et que ferait-on des assistants parlementaires qui, non proches à leur embauche, deviennent proche durant le mandat ? Le cas n’est pas rare. Faudra-t-il, si j’ose dire, les débaucher ? Macron sait-il, ou maman Brigitte le lui a-t-elle caché, que la promotion canapé existe aussi au Sénat et à la Chambre, et que certains jeunes gens et jeunes filles se démènent pour demeurer assistants ? Mais peut-être au contraire cela entre-t-il dans les vues du libéral Macron : ce qu’il ôte à la famille il l’ouvre à la liberté de mœurs des parlementaires.
Macron joue la démagogie contre le populisme
Macron, comme tous les propagandistes du mondialisme, reproche ordinairement au populisme sa démagogie, mais lui-même en fait grand usage. Mélenchon auprès de lui semble un petit garçon. Voici en effet le volet fiscal de la réforme qu’il annonce avec la véhémence d’un idéologue socialiste : « Nous fiscaliserons l’intégralité de la rémunération des parlementaires ». Le Nous est important : nous, les défenseurs des petits contre les gros qui en prennent à leurs aises sur le dos du peuple. Il est recommandé d’être riche pour mieux donner dans la démagogie. Macron n’a jamais été parlementaire, il n’en avait pas besoin. Ses frais de bouche à Bercy ont été supérieurs à 120 000 euros en huit mois. Rothschild l’a rémunéré trois millions pour la vente heureuse d’un machin pharmaceutique. Alors, Fillon, sa Pénélope et leur manoir dans la Sarthe, ce sont des bouseux, des gagne-petit. Macron, en bon idéologue socialiste, titille l’envie, il joue sur les instincts les plus bas, solidement piété dans le fric, les mains propres et la tête haute, dans les étoiles de l’idéal et du progrès. Tartuffe rajeunit, mais il ne change pas.