Il s’appelle Hadrien Clouet, Adrien avec un h, comme hadrosaure, cet ancêtre du Chameau à bec de canard. Il n’y a aucun rapport entre un Hadrien et un hadrosaure, à part le côté buté, euphémisme pour un gros mot.
Aujourd’hui encore, des partisans du régime de Vichy, adeptes de thèses et de théories nazies, eugénistes, racialistes et antisémites, donnent leur nom à des espaces publics. Les enfants grandissent avec leur patronyme sur une plaque de rue, les expéditeurs de courrier rappellent leur souvenir sous forme d’adresse postale, les touristes s’y réfèrent pour s’orienter.
Hadrien, en écrivant ça au Journal officiel, a dû recevoir un ordre de la Kommandantur, en malaise vagal depuis l’affaire de la Quatennens. Le député du Nord a en effet, un jour de colère, tarté sa gonzesse. C’est évidemment très mal, car entre-temps il y a eu MeToo, à cause de ce gros con de Weinstein. Si le pachyderme d’Hollywood l’avait jouée un peu plus subtile, nous les mecs un peu machos on ne serait pas dans l’œil du viseur.
Si Hitler a fait beaucoup de mal à l’antisémitisme, Weinstein a fait beaucoup de mal au machisme. Il s’agit aujourd’hui de ne pas risquer le sexisme, mais de ne pas tomber non plus dans un maniérisme à la Jacques Chazot. En d’autres temps, on aurait écrit de ne pas tomber dans la fiotterie, ce qui est un terme de très vieux françois. L’Académie appréciera, le lobby LGBT parisien moins.
Vous aurez tous compris que les affaires de cul qui gangrènent la direction de La France soumise doivent trouver du contre-feu à tout prix, et le contre-feu préféré des gauchos, quand ils sont pris la main droite dans le sac, c’est de dénoncer le nazisme. Ça ne mange pas de pain azyme, ça fonctionne toujours (mais de moins en moins, faut vraiment tirer à fond sur la nouille), et ça ressoude le camp des perdants à l’idéologie branlante.
« Dénazification de l’espace public ». C’est l’intitulé évocateur d’une question posée par le député insoumis de Haute-Garonne, Hadrien Clouet, au ministère de la Culture et publiée dans le Journal officiel le 29 novembre dernier. L’élu souhaite alerter la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, sur « l’urgence de débaptiser les rues rendant hommage à des nazis et des collaborateurs français. »
Le député cite de « nombreux » patronymes ornant les rues de l’Hexagone, comme les noms d’Alexis Carrel, « hitlérien (...) qui appelait à l’extermination par le gaz des populations jugées “inférieures” » à Perpignan, Avignon ou Clermont-Ferrand, ou celui de Paul Morand, « écrivain antisémite acharné (...) que l’on retrouve dans les rues de Niort, Limoges ou Le-Péage-de-Roussillon ». (BFM TV)
Donc le petit hadrosaure nous en a sorti une géante en demandant à « dénazifier l’espace public ». Manque de pot pour lui, une sioniste n’est pas d’accord :
"Dénazifier l'espace public" : Abnousse Shalmani contre la demande du député @HadrienClouet et dénonce un côté "ayatollah" @BPetrover pic.twitter.com/nDRdJaR0pl
— Les Grandes Gueules Moyen-Orient (@GGMO_i24) December 5, 2022
Si on écoute le petit Clouet, on va se retrouver avec que des rues de gauchos, et en général, en littérature, ce sont les plus mauvais : imaginez, des rues Annie Ernaux – la dame qui écrit avec sa prétention – partout, une voie vélo Sandrine Rousseau, un boulevard à deux contre-sens Anne Hidalgo, un garage Raquel Garrido...
Voici l’extrait de sa demande officielle :
Dénazifions l'espace public !
Partout dans notre pays, des rues portent le nom de nazis français. Quelques exemples ci-dessous. Je demande à la ministre de la Culture comment elle compte faire cesser cette situation intolérable. pic.twitter.com/zMuw32A11y— Hadrien Clouet (@HadrienClouet) November 29, 2022
On a retrouvé Hadrienne Clouette, l’alter ego du petit hadrosaure !
Nous, on a trouvé une rue Proudhon, et on sait, d’après la dessinatrice Catherine Meurisse (ce sera dans le Refus de presse #20), que l’auteur anarchiste est carrément un zemmourien de la pire des races ! À gauche, on a tellement renoncé à l’essentiel, qu’on concentre le tir sur des détails. Ici, une femme pleurniche parce que les noms de rues sont attribués à 98 % à de sales hommes (blancs, on imagine) :
"Le pourcentage de noms de rues portant un nom de femme, c’est 2%. C’est quand même délirant !"
@laurenbastide, créatrice du podcast féministe @lapoudreNE dénonce l’invisibilisation des femmes dans l’espace public. pic.twitter.com/kZqOdSBJ9I
— Brut FR (@brutofficiel) November 28, 2018
On suggère au zélé Clouet d’aller changer les noms de rues nazis en Ukraine :
Ukraine : des rues qui portent des noms de nazis et qui posent problème en vue d'une adhésion à l'Union européenne pic.twitter.com/PRXyRE6ZVb
— BFMTV (@BFMTV) June 18, 2022