L’itinéraire, malheureusement méconnu, d’un esclave antillais devenu un prestigieux personnage de France.
Joseph de Bologne de Saint-George, dit ’’le chevalier de Saint-George’’ est né le 25 décembre 1745 (date incertaine) à Baillif dans la partie ’’Basse-Terre’’ de la Guadeloupe.
Colonie de l’Empire français, parsemée de plantations, Saint-George est né esclave, comme sa mère, Anne, dite Nanon (née vers 1723 au Lamentin, en Guadeloupe). Son père, Georges de Bologne de Saint-George (1711-1774), protestant d’origine néerlandaise, est lui, homme libre et propriétaire terrien.
Le jeune Saint-George arrive en métropole vers 1753 ou il devient pensionnaire du maître d’armes, Texier de la Boëssière, qui devient son mentor, et l’instruit des pratiques indispensables à l’éducation d’un jeune gentilhomme de son époque : équitation, escrime, danse et musique. Destiné au métier d’officier, il est admis en 1761 dans le corps d’élite des ’’gendarmes de la garde du Roi’’ et brille rapidement par ses capacités artistiques et sportives.
Autant doué pour l’épée que pour le violon, Saint-George compose sonates et symphonies et dirige plusieurs orchestres prestigieux, au point d’être légitiment candidat à l’instance suprême : la direction de l’Académie Royale de Musique. Finalement évincé, certains y virent une preuve de racisme ; la réponse se trouve probablement plus sur le terrain de la rivalité entre courtisans qui souhaitaient se placer ou placer leurs amis. De plus, beaucoup étaient rétifs aux idées nouvelles de Saint-Georges en matière d’esthétique et d’éthique artistique...
Madame de Montesson, épouse du duc d’Orléans, confie alors à Saint-George la direction de son théâtre privé et lui demande d’être le maître de cérémonie de son salon. Ainsi, il se rapproche de la cour et en 1779, Saint-Georges joue de la musique avec la reine Marie-Antoinette à Versailles, à la demande de cette dernière, et cela, malgré la jalousie de certains courtisans.
À la Révolution, Saint-George fuit peu de temps en Angleterre puis revient à Lille et s’engage dans la Garde nationale avec le grade de capitaine. Le 7 septembre 1792, il devient colonel de la ’’légion franche des Américains et du Midi’’, en partie composée d’Afro-Antillais ; il y fera nommer lieutenant-colonel son protégé Alexandre Dumas, futur général et père de l’écrivain. La Légion se forme à Laon avant de rejoindre Lille et l’armée du Nord sous la nouvelle désignation de ’’13e régiment de chasseurs à cheval’’ où elle s’engage dans les combats contre les Autrichiens.
Accusé, malgré tout, de sympathie royaliste, le chevalier est destitué de son commandement par Bouchotte, ministre de la Guerre. Le 4 novembre 1793, il est arrêté à Château-Thierry. Incarcéré d’abord à Chantilly, puis au château d’Hondainville, il est enfin libéré, après presque une année de détention, par ordre du Comité de sûreté générale. Tombant sous le coup d’une loi visant à épurer l’armée de ses officiers royalistes après l’insurrection de Vendémiaire (octobre 1795), il est définitivement révoqué.
Certaines sources affirment que le chevalier de Saint-George se serait rendu de 1795 à 1797 à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture.
Le chevalier de Saint-George meurt à Paris le 10 juin 1799 d’une infection de la vessie consécutive à une blessure reçue à la jambe durant la Révolution. Les journaux de l’époque n’ignorent pas sa disparition et lui rendent hommage unanimement.
En décembre 2001, la rue Richepanse partagée entre le 1er et le 8eme arrondissement de Paris, a été débaptisée pour devenir la rue du Chevalier-de-Saint-George.