Entre Alger et Doha, c’est la lune de miel. Sur fond de soubresauts politiques certains, un rapprochement économique s’opère, à la faveur duquel des entreprises détenues par l’Etat qatari prennent position dans le marché algérien.
D’ailleurs, les autorités algériennes n’hésitent pas à donner à ces dernières de véritables tickets d’entrée dans des secteurs jugés pourtant stratégiques. C’est ainsi qu’après avoir opté pour Qatar Mining pour la réalisation d’un complexe sidérurgique à Bellara (Jijel) – un investissement de plus de 3 milliards de dollars – le même opérateur pourrait bien reprendre les mines d’or de Tirek et d’Amesmessa.
L’entreprise, dont on ne sait pratiquement rien si ce n’est qu’elle est la propriété de l’Etat qatari, a signé il y a deux jours un mémorandum d’entente pour la coopération dans le secteur minier avec la société Manadjim El Djazaïr (Manal). Il a d’ailleurs été convenu dans ce registre d’étudier la possibilité de créer une société mixte pour la recherche et l’exploration de l’or au niveau des deux sites de Tirek et Amesmessa (Tamanrasset).
Un accord qui est loin d’être anodin dans la mesure où les mines d’or en question sont au centre d’un scandale de l’ère Khelil et qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. L’on se souvient de la fièvre de l’or qui s’était emparée des Algériens lors de la mise en exploitation des mines de Tirek et ensuite d’Amesmessa.
Une fièvre alimentée par les déclarations fantaisistes du ministre, qui n’hésitait pas à annoncer une production à venir de 3 tonnes d’or par an, ou des responsables du partenaire australien chargé de l’exploitation de la mine qui qualifiaient Amesmessa de « plus gros gisement africain après le Congo ». La tentation était grande et les ambitions démesurées. A tel escient qu’on en a oublié les circonstances de l’attribution de la licence d’exploitation de la mine. Une révision de la loi minière controversée. Une entreprise créée de toutes pièces pour l’occasion, juste quelques semaines avant le lancement de l’appel d’offres.
Une entreprise nationale, en l’occurrence Sonatrach, reléguée au second plan, n’ayant obtenu que 48% du capital de l’Enor (entreprise d’exploitation des mines d’or de Tirek et d’Amesmessa). Des conditions d’attribution de la licence douteuses. Un financement garanti par les fonds des banques publiques algériennes. Tout était réuni pour jeter plus que le voile d’un doute.
C’était une certitude : cette entreprise qui n’avait même pas rempli ses engagements en termes d’investissement avait des activités peu orthodoxes. Pourtant, elle a continué à « travailler », demandant même aux autorités une recapitalisation de l’Enor pour s’assurer un fonds de roulement sans pour autant améliorer ses résultats.
GMA Ressources a même réussi à vendre 9% de ses actions à Asec Mining pour 1,6 milliard de livres sterling, bafouant du coup la réglementation algérienne. C’est dire l’ampleur de l’escroquerie ! Au centre d’une enquête des services de sécurité algériens, GMA décide, au mois d’octobre dernier, de se retirer. Ce qui est cependant étrange, c’est que les autorités n’ont pas, à ce jour, soufflé mot sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, alors qu’elles s’apprêtent à changer de partenaire.