Dans un entretien accordé au quotidien Právo, le député européen Poche a déclaré que la République tchèque pourrait faire preuve de solidarité avec l’Italie en traitant certaines demandes d’asile sur son sol. Ces personnes recevraient l’asile dans un autre pays ou bien seraient rapatriées. Pourquoi rejetez-vous une telle option ?
Andrej Babiš : Je suis impliqué de manière active dans la politique étrangère. C’est pourquoi j’ai fait campagne au sommet de l’UE, en compagnie du Premier ministre hongrois Orban et du V4, afin que les quotas de migrants soient abandonnés. Ce que nous sommes parvenus à faire. Lorsque je rencontre les politiciens européens, je leur répète notre point de vue qui est le suivant : Personne ne nous imposera qui que ce soit et ce sont les Tchèques qui décideront qui pourra vivre chez nous. C’est la base. C’est alors que nous pourrons nous engager dans la résolution de la migration sur le plan européen.
Nous devons tout d’abord envoyer un message clair de fermeture et faire comprendre que personne ne peut plus entrer en Europe. Le message doit être le suivant : « Vous devez restez chez vous, nous vous y aiderons. » C’est une affaire de symboles. Et quand j’ai dit que nous ne prendrions pas un seul migrant illégal, je m’y tiens.
Est-ce que vous ne cherchez pas un peu trop à faire peur ?
Je ne cherche pas du tout à faire peur. La migration est un grand problème et il faut l’arrêter. Les preuves de ce qui se développe ne manquent pas en Europe. Il suffit de constater de quelle manière des gangs ont mis le feu à 80 voitures en Suède. Entre quatre yeux, les politiciens européens vous diront la vérité mais en public c’est une autre histoire.
Il faut y mettre de l’ordre. Un Ukrainien peut venir chez nous sur la base d’un contrat de travail et d’une vérification de son profil. On ne peut pas accepter qu’il monte sur l’Aquarius, sans aucun papier, et qu’il se rend en Europe en demandant l’asile. Nous devons dire de manière claire que la plus grande priorité pour nous, c’est la sécurité de nos gens, comme c’est le cas pour les États-Unis, le Canada ou l’Australie.
Nous pouvons être solidaires mais cela ne doit pas se faire au détriment de la sécurité. Je suis entré en politique pour lutter en faveur des intérêts tchèques et de notre sécurité. C’est la chose la plus importante. En Europe, il y a 1,5 millions de personnes qui n’ont pas obtenu l’asile et qui se déplacent ici librement.
C’est ainsi que vous comptez présenter vos arguments au Premier ministre italien Conte, chez lequel vous vous rendez à la fin du mois, qui a demandé à la République tchèque de l’aider concernant les requérants d’asile ?
Je me rendrai en Italie et à Malte. La République tchèque prépare un plan global pour régler le problème des migrants illégaux. L’Europe devrait proposer de nouveaux concepts en dehors de l’Europe. La République tchèque souhaite fournir une aide matérielle et financière qui servirait de base à un plan Marshall pour l’Afrique.
Tout d’abord nous devons changer de discours, nous ne devons plus donner l’impression de nous répartir les migrants lorsque ceux-ci arrivent en Europe. Nous devons améliorer les conditions de vie dans les pays de provenance des migrants, afin que l’immigration illégale cesse. Et nous devrions avoir un contrôle plus effectif des énormes sommes qui sont affectées au contrôle des frontières européennes. Ne devrions-nous pas plutôt conclure des accords similaires à celui avec la Turquie ?
Quand le gouvernement espagnol change de discours et accueille l’Aquarius, c’est un signal clair, qui se répand sur les réseaux sociaux, indiquant que l’Espagne accepte des migrants. Par conséquent, l’afflux de migrants est plus important qu’en Italie et, à Ceuta, des centaines de migrants prennent d’assaut la frontière espagnole. Le principe selon lequel nous devons prendre en charge les migrants qui se trouvent en mer, mène vers l’enfer.
40 000 personnes vivent du trafic d’êtres humains dans le monde. Ils gagnent des milliards d’euros. Et ceux qui se dirigent vers l’Europe sont les plus dynamiques car les plus pauvres n’ont pas d’argent pour la mafia des passeurs.
Traduction d’une partie de l’entretien paru dans novinky.cz effectuée par Alimuddin Usmani