Jean Bar : Pourquoi avoir fait cette proposition de loi alors que vous saviez que la majorité présidentielle la rejetterait ? N’avez-vous pas juste illustré le clivage droite-gauche afin d’emporter les prochains votes de la communauté homosexuelle ?
Patrick Bloche : Les opposants à l’ouverture du mariage aux couples homosexuels nous ont effectivement taxés d’électoralisme alors qu’il s’agissait pour nous de répondre d’abord à l’interpellation du Conseil constitutionnel, qui, en janvier dernier, avait renvoyé sur le législateur la responsabilité de modifier le Code civil. Par ailleurs, il s’agissait pour nous de permettre qu’on débatte de cette question de société pour la première fois dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
Laurent : Ne vous semble-t-il pas qu’il y aurait eu plus de cohérence, sur un plan juridique, de ne pas écarter la question de l’adoption de la proposition de loi sur l’ouverture du mariage ? Peut-on espérer qu’en 2012, si elle est victorieuse, la gauche adoptera ces deux progrès de civilisation ?
Patrick Bloche : Compte tenu de la composition actuelle de l’Assemblée nationale, nous avons volontairement limité notre initiative à la question du mariage. Sur l’homoparentalité, le Parti socialiste a pris clairement position pour l’ouverture de l’adoption aux homosexuels et pour l’accès à la procréation médicalement assistée aux femmes quelles que soient leur situation de couple et leur situation d’infertilité, et cela vaut engagement pour le candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012.
Lire la suite des questions-réponses : lemonde.fr