Rabat accuse Téhéran de soutenir militairement le Polisario. Une rupture de plus dans le feuilleton des relations diplomatiques avec le régime des mollahs.
Le Maroc a rompu ses relations avec l’Iran, selon le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Dans un communiqué publié ce mardi 1er mai, ce dernier a motivé cette décision par le soutien militaire apporté par l’Iran, via son allié le Hezbollah, au Front Polisario, mouvement indépendantiste du Sahara occidental.
« Le Maroc a des preuves irréfutables sur ce soutien militaire », a déclaré le ministre à l’agence officielle MAP. Rabat soutient que l’Iran et son allié le Hezbollah auraient entraîné des combattants sahraouis et leur auraient fourni des armes.
Des accusations démenties par Téhéran ce mercredi 2 mai. « Nous rejetons la mise en cause de la diplomatie marocaine, qui sont fausses », a réagi les Affaires étrangères iraniennes. Le Hezbollah libanais a lui aussi dénoncé « ces allégations » dans un communiqué publié hier, quelques heures après l’annonce marocaine. « Il est regrettable que le Maroc nous adresse ces accusations sans fondement sous la pression des USA, d’Israël et de l’Arabie saoudite », a-t-il indiqué à l’AFP. Il trouve que la diplomatie marocaine « aurait dû trouver un argument plus convaincant pour rompre ses relations avec l’Iran ».
Mardi, le chargé d’affaires iranien à Rabat a été invité à quitter le royaume le jour même. Quant à l’ambassadeur du Maroc à Téhéran, il a déjà quitté Téhéran ce matin.
Des relations compliquées
Nasser Bourita revenait ce mardi d’un voyage à Téhéran où il a informé son homologue, Javad Zarif, de la décision unilatérale du Maroc de rompre ses relations.
Ce n’est pas la première fois que Rabat prend une telle décision. En 2009, le royaume avait rompu ses relations avec Téhéran suite à des « expressions inopportunes » d’un responsable iranien qualifiant le Bahrein, solide allié du Maroc dans le Golfe, de « la quatorzième province iranienne ». À l’époque, des observateurs avaient fait valoir un autre argument qui inquiétait Rabat : celui du soutien prodigué par l’Iran à « des chiites marocains ». Même si le Maroc demeure un royaume largement sunnite, Rabat ne tolère aucune incursion dans ses affaires religieuses, un domaine sous souveraineté royale.
Hassan II et les mollahs
Les relations ont par la suite repris timidement à partir de 2014 à travers un échange de visites de responsables ministériels puis officiellement en 2016, lorsque le Maroc a nommé, Hassan Hami, ambassadeur du Maroc à Téhéran.
Même si le royaume affirme mener une diplomatie équilibrée dans le Golfe, il n’a jamais fait secret de sa relation compliquée avec l’Iran. Un héritage de l’ère Hassan II qui, au moment de la révolution islamique iranienne de 1979, n’avait pas mâché ses mots à l’endroit de l’imam Khomeiny, cet « hérétique qui entend mettre les diablotins dans les burnous ».
Offensive sur le Sahara
Rabat est de plus en plus agressive sur le dossier du Sahara et n’hésite plus à hausser le ton envers ceux qui soutiennent la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Le mois dernier, elle avait dénoncé des incursions du Polisario dans des zones administrées par l’ONU et accusé ouvertement l’Algérie de « soutenir et de financer » son ennemi.