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Le Ku Klux Klan : des origines maçonniques

Des esprits curieux ont voulu reconnaître, dans la triple répétition du K dans Ku Klux Klan, le terme de Kadosh affirmé trois fois, comme la formule "Saint, Saint, Saint" attribuée au Seigneur des Armées dans le rite chrétien hérité du judaïsme ; en l’occurrence, il s’agit ici d’un haut grade de chevalerie de rite maçonnique Écossais, signifiant "le Saint", en hébreu. Cette hypothèse, soutenue par aucun document, est néanmoins extrêmement douteuse. D’autres ont voulu mettre en évidence le role joué par le plus célèbre Mâcon de son temps, Albert Pike (1808-1891, il était Souverain Grand Commandeur du rite Écossais, dont il a récrit les rituels en 1859) dans la fondation de l’empire invisible. La thèse fait son apparition en 1905 lorsque la maison d’édition Neale, New York et Washington, Washington publie un ouvrage intitulé Le Ku Klux Klan. Ses Origines, sa Croissance et sa Dislocation. Dans l’introduction, l’auteur, l’historien Walter Flemming, explique qu’il a obtenu "ses informations sur le Ku Klux Klan par d’anciens membres de l’Ordre, par des amis et des parents", et en particulier l’un des six fondateurs connus du Klan, le major Crowe, lui-même Mâcon. Il déclare que "le général Albert Pike qui était à un rang Élevé dans l’ordre maçonnique, était l’officier de justice principal du Klan".

En qualité de patron de sociétés secrètes sudistes et président de l’Association du Barreau du Tennessee, Pike aurait été le grand stratège de la "justice" du Klan. Selon Flemming, c’est à Nashville que Pike et d’autres généraux confédères se seraient rencontrés en 1867 pour former un KKK terroriste, étendant le projet qu’ils avaient débuté, deux ans auparavant, à Pulaski. Ce qui semble confirmé par l’éditorial du 16 avril 1868, écrit par Pike dans le Daily Appeal de Memphis (Tennessee), dont il est propriétaire : "Nous voudrions réunir tout homme blanc du Sud qui est opposé au suffrage noir, dans un grand Ordre de la Fraternité Sudiste, avec une organisation complète, active, vigoureuse dans laquelle quelques-uns exécuteraient la volonté de tous, et dont l’existence même devrait être cachée à tous sauf à ses membres."
Selon Fleming, toujours, à la place d’honneur des membres bien connus du Klan, se trouvent le général John C. Brown, maître Mâcon de la loge de Pulaski, et le colonel Joseph Fussell, de Columbia, grand maître des maçons du Tennessee.

Néanmoins, il semblerait, pour d’autres historiens, qu’à l’époque de la Réunion de Pulaski (Tennessee), Pike était en Arkansas. Quoi qu’il en soit, le livre fait un tabac parmi les confédères et lance la carrière de Fleming comme le doyen des historiens sudistes. La National Cyclopedia of American Biography présente son livre comme "un compte-rendu, faisant autorité, de cette organisation". Quant au Dictionary of American Biography, il déclare que "Fleming a examiné la Guerre Civile et la Reconstruction dans le Sud plus à fond que quiconque. Ses travaux sont caractérisés par l’objectivité académique."

Le livre de Suzanne Lawrence Davis, paru en 1924, L’authentique Histoire du Ku Klux Klan, 1865-1877 suit la piste ouverte par Fleming. Dans son livre The Tragic Era, Claude Bowers décrit le Klan comme une association de patriotes sudistes défendant leur façon, de vivre contre les nordistes et les Noirs déchaînés. Bowers, qui a servi de nombreuses années comme ambassadeur des …États-Unis en Espagne et au Chili, décrit lui aussi Albert Pike comme l’un des fondateurs distingués du Klan.

là il convient de rappeler que, conformément à une tradition particulariste remontant à ses origines, la franc-maçonnerie américaine n’admet pas les hommes de couleur en son sein. Du coup, les Noirs ont constitué une obédience spéciale, fondée à Boston en 1791 par l’un d’eux, un affranchi de la Barbade, le Frère Prince Hall. Cette obédience a essaimé dans l’ensemble des …États-Unis, ainsi qu’au Canada, à Hawaï, aux Bahamas et au Libéra, mais depuis les années 70, ses effectifs sont en baisse : "On peut craindre qu’il ne s’agisse là d’une marque de désaffection à l’égard de l’Ordre maçonnique consécutivee à la ségrégation de moins en moins adéquate pratiquée par les grandes Loges américainess", Écrit Paul Naudon, Histoire générale de la Franc-maçonnerie (Office du Livre, 1981, mise à jour 1987).

Quoi qu’il en soit de Pike et des fondateurs du premier Klan, on sait aujourd’hui que de nombreux francs-maçons ont joué un rôle éminent dans l’histoire du deuxième Klan, comme les Grands Sorciers Grands Sorciers Simmons, adhérant de diverses sociétés maçonniques, et Evans, titulaire du 32e degré maçonnique.


Article de Paul-Eric Blanrue paru dans Historia Thématique(http://www.blanrue.com ), n°108, juillet-aout 2007, spécial Société secrètes.