Le cheikh Hassan Nasrallah, leader du mouvement chiite libanais Hezbollah, a promis que ses troupes combattraient en Syrie tant qu’une menace pèsera sur le régime de Bachar al-Assad, écrit le quotidien Kommersant du 27 mai 2013.
Selon lui, les groupes extrémistes sunnites en guerre contre le dirigeant syrien sont le principal ennemi des chiites libanais et leur victoire en Syrie aurait des « conséquences catastrophiques » pour toute la région. Les propos du cheikh signifient que ses partisans rejoignent officiellement la guerre syrienne, qui s’est propagée de facto jusqu’au Liban – les affrontements entre les chiites et les sunnites y ont emporté des dizaines de vies ces derniers jours.
Ce discours télévisé est la première intervention du cheikh depuis la prise de la ville stratégique d’El Quseir, en Syrie, par le Hezbollah. À l’image de cette opération, c’est l’aide de plusieurs milliers de combattants du Hezbollah, forts d’une expérience des combats urbains, qui contribue au succès des troupes de Bachar al-Assad au cours des dernières semaines, selon les experts.
Les chiites libanais sont particulièrement actifs sur deux fronts – dans les banlieues de Damas et aux alentours d’El Quseir, à la frontière libanaise.
Durant les premiers mois du conflit syrien, le Hezbollah a privilégié le soutien verbal de son coreligionnaire al-Assad (les alaouites, comme le président syrien, sont des chiites) à l’ingérence militaire. Mais lorsque les puissances sunnites de la région (l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie) se sont mis à prendre parti pour l’opposition syrienne, le Hezbollah y a vu une guerre religieuse.
D’après les analystes, l’Iran – principal allié d’Assad sur l’arène internationale – aurait poussé le cheikh Nasrallah à soutenir activement Damas. Sans la bénédiction de Téhéran qui finance le Hezbollah depuis sa création, cette organisation n’aurait certainement pas osé rejoindre le conflit syrien pour faire face aux mouvements radicaux sunnites, notamment le Jabhat al-Nosra (Front de la victoire) lié à Al-Qaïda.
Ses opposants locaux ont immédiatement réagi au discours de Hassan Nasrallah. Deux obus ont explosé dans un quartier chiite au sud de Beyrouth, faisant quatre blessés. L’attaque a été revendiquée par l’Armée syrienne libre (ASL) qui a menacé le Hezbollah de représailles si ce dernier continuait à soutenir le « régime dictateur ».
Les affrontements les plus sanglants entre les opposants et les partisans d’Assad se déroulent à Tripoli, au nord du pays – 30 morts depuis une semaine. À l’instar des villes syriennes, Tripoli s’est divisée en fonction de la confession. Les frontières entre les quartiers alaouites et chiites sont devenues une ligne de front de la guerre syrienne.