Le Conseil national syrien (CNS) semble être allé assez loin dans sa volonté de renverser le régime de Damas, par tous les moyens, même la franche trahison.
Selon l’édition française du site israélien JSS News, dans un article mis en ligne le 4 octobre dernier, le CNS, partisan de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, et de moins en moins réticent à une intervention militaire de l’OTAN, a publié sur son site à lui, début octobre, rien moins que la position des systèmes de défense anti-aériens de leur pays, via des photos satellite.
Dérive morale autant que politique
La page web du CNS-SNC affiche ainsi quatre photos avec les indications précisant la position géographique et la composition des bases de missiles sol-air de la défense aérienne syrienne – ainsi que l’implantation des radars de détection aérienne. Ces installations utilisent du matériel soviétique (et post-soviétiques) : missiles S25, S75, S125 ou S200 et 2K12.
Les cyber-responsables du CNS justifient cette publication, à grand renfort de conditionnel hypocrite, par le fait de faciliter la mise en place d’une éventuelle zone d’exclusion aérienne. C’est vrai qu’il ne faudrait quand même pas que les chasseurs-bombardiers euro-américains soient gênés, si peu que ce soit, dans leur noble mission de « protection des populations » par des missiles sol-air syriens et bacharistes ! On peut évidemment penser que les pros du Pentagone sont déjà au fait de l’organigramme de la défense aérienne syrienne, mais ça ne diminue en rien la portée symbolique du « geste » du CNS !
A noter que cette mise en ligne est intervenue pratiquement dans le même temps que la déclaration officielle du président du CNS, l’universitaire exilé (en France) Burhan Ghalioun, selon laquelle l’opposition syrienne rejetait « toute ingérence extérieure qui sape la souveraineté du peuple syrien« . Mais, apparemment, elle n’est pas contre le fait de faciliter la tâche aux « ingérants » extérieurs, même si cela doit se traduire, comme en Libye, par une pluie de bombes et de missiles d’inspiration démocratiques.
Depuis, le CNS a continué d’ »évoluer » dans le sens d’un recours à l’intervention étrangère, fasciné qu’il est par la formule gagnante (pour le moment) en Libye : islamisme + campagne médiatique occidentale + bombardements de l’OTAN (voir notre article « CNS et CNT se reconnaissent (l’un dans l’autre) », mis en ligne le 11 octobre).
Du reste, avec la publication officielle des installations anti-aériennes syriennes, le CNS a vraiment franchi le Rubicon de l’abjection morale et de la trahison politique. Il ne reste plus à Ghalioun et consorts qu’à demander à leurs employeurs américains de bien vouloir diligenter contre leur pays un blocus alimentaire et sanitaire du genre de celui qui a coûté des centaines de milliers de vies – notamment d’enfants – au voisin irakien dans les années 90. Tant qu’à faire les choses, ne les faisons pas à moitié !