Mouais... pour ma part je trouve que ce genre d’études (dont le protocole ne semble par ailleurs pas être des plus rigoureux) est très ambigu. J’y vois moins une revalorisation explicite de la virilité qu’une volonté insidieuse de nier l’identité même de l’homme en la réduisant à une somme d’interactions biochimiques, y compris sur le plan de la morale ou de l’éthique. Courage, assumé, honnêteté : tout cela est déjà parfaitement résumé et exprimé par la notion ancienne et traditionnelle de "vertu".
Car affirmer que le comportement viril est totalement déterminé par des relations hormonales revient à accréditer du même coup l’idée d’une virilité définie intrinsèquement, et donc distincte de l’homme. Il faut rappeler que le même travail de sape a déjà été accompli par la psychanalyse à travers l’affirmation de l’existence d’un "phallus symbolique" ne référant plus au sexe de l’homme en érection (soit une représentation figurée de quelque chose qui lui est propre) mais à un désir de puissance sexuellement indifférencié, dont la femme émancipée peut librement s’emparer pour contester à l’homme son statut de "dominant sexuel" conféré à la fois la par nature et la tradition. Tout le féminisme revendicatif s’est justifié et propagé à partir de cette notion fallacieuse.
En outre ces études renversent les deux plans (biologique et comportemental) en faisant de l’homme un produit de la virilité, et non pas l’inverse, comme dans les sociétés authentiquement viriles... une véritable obsession à la limite du fétichisme s’est d’ailleurs formée autour de la testostérone (en particulier aux USA) à laquelle on attribue - intrinsèquement encore une fois - toutes les "vertus" : jeunesse éternelle, réussite sociale, agressivité, santé, musculature ... A l’inverse, on implique de plus en plus un déficit avéré ou supposé de testostérone dans un nombre croissant de "troubles" et autres pseudo-pathologies aujourd’hui considérées comme des maladies mentales (par exemple la timidité qui est considérée comme une maladie par le DSM-IV et de plus en plus traitée comme telle aux USA).
Bref, à termes, on peut sans doute s’attendre à se voir prescrire de la "virility" sous ordonnance pour remédier au déclin inéluctable (mais induit, cf. oestrogénisation de l’environnement) de la virilité authentique, et espérer pouvoir fonctionner normalement et survivre dans un environnement social hyper-compétitif.
Bref, je vois guère que des geeks pour s’enthousiasmer devant ces "résultats".
Répondre à ce message