Le message de Bolloré est passé. Le journaliste de Canal+ (Special Investigation) et délégué syndical SNJ CGT Jean-Baptiste Rivoire, ne reçoit « plus aucun projet d’enquête sur le monde bancaire » depuis la censure d’une enquête sur le Crédit Mutuel par Vincent Bolloré.
Mais la banque n’est pas le seul sujet sensible. « On doit aller voir la direction avec nos petits projets et demander la permission de faire nos enquêtes. En gros, sous l’ancienne direction, ça passait à 80 ou 90% des cas. Depuis que Bolloré est sorti des fougères et a manifesté son pouvoir dans l’entreprise, ça se passe beaucoup plus mal », explique Rivoire sur notre plateau. Sur 11 sujets d’enquête proposés lors du dernier « comité d’investigation », la direction a ainsi retoqué... 7 sujets, selon le journaliste.
Et il égrène la liste des sujets dont on n’entendra pas parler sur la chaîne cryptée : « Volkswagen, entreprise de tous les scandales », « Le monde selon YouTube », « François Homeland » (une enquête sur le président et les guerres), « Attentats : les dysfonctionnements des services de renseignement », « Les placards dorés de la République » (sur les emplois fictifs dans la haute fonction publique), « La répression made in France » (sur comment la France exporte des matraques électriques, et autres outils de répression, à des régimes pas toujours recommandables), et enfin, « Nutella, les tartines de la discorde », également refusé. Nutella ? Peut être un lien avec le fait que le groupe Ferrero, qui détient la marque de pâte à tartiner, figure parmi les 50 plus gros annonceurs de France (avec, de sucroît, 76% de son budget pub destiné à la TV) ? Dans ce top 50 figurent également... Volkswagen et Google, qui possède YouTube.