Bernard Cazeneuve n’est pas un humoriste. Il suffit de regarder son visage, figé dans une gravité (un deuil permanent ? celui de la souveraineté française ?) qui sied à la fonction, celle de ministre de l’Intérieur, mais plus vraisemblablement des Cultes, dont un en particulier. Les autres, il s’en fout un peu, mais il faut faire semblant, pour les caméras. Quand les repoussantes Femen vandalisent une église, souillent l’image des Chrétiens, ni lui ni son prédécesseur n’accourent sur place pour invoquer, avec des trémolos, la fameuse « République ». Qui a, dans leur bouche, une saveur spéciale.
Pourtant, il y avait de quoi. Mais nous ne referons pas l’épine dorsale de notre jolie République, constituée par l’axe Hollande - Valls - Fabius - Cazeneuve, avec Cukierman tout en haut, la cerise sur le gâteau.
Ce vendredi 25 décembre 2015, donc, Cazeneuve assiste, dans une Notre-Dame sécurisée à mort, à la traditionnelle messe de Noël. Il n’a pas dû reconnaître l’imagerie chrétienne, habitué qu’il est aux synagogues et aux dîners du CRIF. C’est une plaisanterie, voyons. On aimerait tant décrisper ce visage, cet homme, qui déroule ses banalités de ministre avec une langue de bois insondable. Ce qui compte n’est pas ce qu’il dit, mais ce qu’il fait, et avec qui il s’affiche. Comme à ce dîner du CRIF de Bordeaux, où Bernard semble pris sur le vif.
On sent bien, devant la cathédrale pour répondre aux micros tendus, que le ministre se justifie de cet engagement pas très laïc à peine voilé. Le Net bruisse de murmures d’un ministre de l’Intérieur qui n’assurerait pas la sécurité de TOUS les Français, seulement des meilleurs d’entre eux, « la part la plus sensible et la plus vivante de la République »... Mais le Net, c’est rumeurs et compagnie.
Pour parler plus sérieusement, à l’évidence Cazeneuve préfère certains cultes à d’autres, mais on ignore si c’est un choix personnel ou une obligation hiérarchique. Si c’est un choix, c’est donc personnel, et ce n’est pas très républicain, voire pas du tout républicain. Si c’est un ordre, alors qui l’a donné, et pourquoi ?
La question reste suspendue, au milieu de beaucoup d’autres. En attendant une réponse de sa part, qui ne viendra probablement jamais, intéressons-nous à sa phrase étrange, c’est-à-dire à « ceux qui croient dans le pays, la République les protégera ».
Eux seront protégés par les services du ministre, les autres pourront, non pas crever, mais aller se débrouiller tout seuls, si on a bien compris. Une phrase pas très républicaine, là aussi. Parce que dans « ceux qui ne croient pas dans le pays », en creux dans sa phrase, on sent que le ministre ne met pas que les tueurs djihadistes, n’est-ce pas. Procès d’intention ? Peut-être, mais c’est ça, la langue de bois. On va traduire, pour les sceptiques : seuls seront protégés ceux qui croient en la République de Cazeneuve, celle de l’alliance du socialisme dévitalisé et du sionisme venu d’ailleurs, pas la république de tous les Français.
Lecture paranoïaque d’une petite phrase sibylline ? Cela aurait été le cas si le ministre avait montré une impartialité totale dans ses déclarations et déplacements, ce qui est évidemment très loin d’être le cas.
Imaginez la réaction du ministre si cet incendie en date du 20 septembre 2015 avait eu lieu dans une synagogue :
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a assisté vendredi soir à la messe de Noël célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il a assuré aux fidèles que « la République les protégera ».
« Participer à cette cérémonie, c’est une manière de dire à l’ensemble de ceux qui croient dans le pays que la République les protégera », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avant de pénétrer dans la cathédrale.
Tous les accès au parvis Notre-Dame, sur lequel l’habituelle longue file de touristes et de fidèles s’est formée avant le début de la cérémonie, ont été sécurisés par d’importantes forces de l’ordre.
Le ministre a assuré que sa présence n’était « en aucun cas une remise en cause du principe de laïcité ». « Je vais participer à l’office comme je le fais quand il y a des fêtes religieuses pour l’ensemble des religions », a-t-il ajouté.