Une fois de plus, le secrétaire général du Hezbollah a créé l’événement, renversant la donne et semant le doute et le trouble chez les Israéliens et leurs alliés occidentaux. En leader qui manie à merveille l’art de la communication, Sayed Hassan Nasrallah a lancé sa bombe médiatique entre deux paragraphes de son discours, en réponse aux menaces israéliennes et aux déclarations d’Ehud Barak appelant ses soldats à se tenir prêts car ils pourraient être appelés à occuper le Liban de nouveau.
Sayed Nasrallah n’a pas attendu longtemps et sa réponse est venue, prenant de court les Israéliens. Il a ainsi annoncé que si « Israël » déclenche une agression contre le Liban, cette fois, les moujahidins s’apprêteraient à libérer la Galilée.
C’est la première fois depuis la création de l’entité israélienne que la guerre pourrait donc se dérouler en territoire palestinien occupé. Autrement dit, la peur a changé de camp et les agresseurs sont réduits à se défendre. C’est une véritable révolution, non seulement dans l’attitude libanaise par rapport à l’entité sioniste, mais aussi dans l’approche du monde arabe par rapport à cette même entité.
Les Israéliens l’ont d’ailleurs bien compris, puisqu’ils en étaient réduits suite au discours de Sayed Nasrallah à la peur totale, au point que leurs responsables, en tête le Premier ministre Benyamin Netanyahu, ont été contraints à rassurer leur population en lui affirmant que l’armée est en mesure de la défendre. Ils ont été aussi obligés de modifier leur politique à l’égard des discours de Sayed Nasrallah qui depuis quelque temps étaient occultés par les médias israéliens.
En lançant sa bombe médiatique, Sayed Nasrallah a obligé les responsables israéliens à lui répondre et à être en position de défense, alors que depuis des années, ils sont ceux qui menacent les Arabes et les peuples de la région. Sans parler du fait que la déclaration du sayed relative au conflit israélo-arabe a été diffusée en boucle sur les chaînes de télévision israéliennes.
Pour le secrétaire général du Hezbollah, cette déclaration s’inscrit toutefois dans la pure logique de ses discours précédents. Mais en bon stratège, il étudie très minutieusement la dose à donner à chaque fois, de manière à ne jamais dévoiler tous ses secrets et à monter crescendo dans l’attitude par rapport à l’entité israélienne. Il a ainsi commencé par rassurer les Libanais sur d’éventuelles attaques israéliennes, puis il a établi une équation d’égalité en déclarant qu’aux immeubles détruits au Liban correspondront des immeubles détruits en Palestine occupée, au bombardement de l’aéroport de Beyrouth, la résistance répondra par le bombardement de l’aéroport Ben Gourion etc. Et hier, il a été encore plus loin établissant une nouvelle équation : à une nouvelle attaque, c’est par une libération de la Galilée que la résistance ripostera.
Les mots sont d’ailleurs choisis avec soin pour bien montrer que la résistance ne se transformera pas en agresseur, mais ira plus loin dans la reconquête des droits arabes. Même si ce cas de figure ne doit pas se concrétiser, -ce qui signifierait que l’équilibre de la terreur fonctionne à merveille et qu’ »Israël » a vraiment peur des moujahidins du Hezbollah- sayed Nasrallah a déjà remporté une victoire psychologique sur l’ennemi. Il a aussi montré l’étendue de sa crédibilité même auprès de ses ennemis, qui, en dépit de leur habitude des discours ronflants arabes, ont très vite compris que ce que dit cet homme a une autre portée et une autre dimension.
A toutes ses autres victoires, sayed Hassan Nasrallah doit aussi ajouter celle-ci, et toutes les tentatives d’une poignée de petits caïds de quartiers pour le ramener à leur dimension en cherchant à l’entraîner dans les ruelles sombres de la crise libanaise, n’y changeront rien. Sayed Nasrallah s’est imposé au fil des années comme un leader charismatique et crédible, dont les dimensions dépassent les frontières libanaises et celles du monde arabe. C’est d’ailleurs pourquoi ses ennemis sont aussi à l’échelle internationale. Il voit grand et tous les militants de la dignité et des droits dans le monde le voient grand. La peur a bel et bien changé de camp.