Alors que les affaires graves se multiplient (biens mal acquis, escroquerie à la bourse du carbone, Karachi...), l’Association Française des Magistrats Instructeurs (AFMI) dénonce la réduction drastique des moyens du pôle économique et financier du TGI de Paris.
La moralisation du capitalisme a du plomb dans l’aile. Mardi dernier, l’AFMI a publié un communiqué cinglant, pourtant guère repris dans les médias. Selon ces magistrats, "les enquêtes économiques et financières sont en danger" car "depuis deux ans, le Ministère de la Justice réduit significativement les moyens humains et matériels des enquêtes au pôle économique et financier du TGI de Paris".
Et pas qu’un peu : le nombre de juges d’instruction a fondu de 23 en 2009 à 18 aujourd’hui. "Parallèlement, le Ministère de la Justice réduit d’un tiers la surface des locaux de l’instruction, chassant ainsi des juges d’instruction et des assistants spécialisés de leurs bureaux, pour y installer des services administratifs". Même tarif pour le parquet, qui voit pourtant ses missions augmentées : entre 2009 et 2011, l’effectif des parquetiers est passé de 23 à 21.
Une baisse d’un tiers !
Tout compris, "pour la section financière, on est donc passé en trois ans de 26 à 18 magistrats (juges d’instruction plus parquetiers), soit une baisse d’un tiers". Sans compter les assistants spécialisés qui ne sont plus que quatre "dont un sur le départ qui ne serait pas remplacé, sur les dix assistants spécialisés prévus à la naissance du pôle".
"Tels sont les moyens judiciaires alloués au pôle de la rue des Italiens, au moment où cette vitrine de la lutte contre la délinquance économique et financière en France doit enquêter, notamment, sur des escroqueries massives à la TVA sur les droits carbone, des escroqueries aux encarts publicitaires au préjudice de milliers de français, l’affaire dite des biens mal acquis, un volet de l’affaire dite de Karachi"...
"Gouverner, c’est maintenir les balances de la justice égales pour tous" disait Franklin Roosevelt. Et pas s’asseoir dessus !