Les grands du monde se sont réunis à Dubaï début décembre. Lors des échanges, un scénario, hélas vraisemblable, de panique financière, à partir des banques espagnoles, a circulé. Mais chut ! il ne faut pas que cela se sache…
Réunie à Dubaï, le World économic Forum (célèbre pour organiser chaque début janvier le Forum de Davos) a été le lieu de débats discrets mais instructifs. Selon un des 700 participants, les « grands du monde » présents (notamment l’inévitable Klaus Schwab, fondateur du Forum, un ponte du FMI, un représentant chinois, un ministre sud-afriacain, tout le gratin du Golfe arabique, des Européens en nombre, etc) n’avaient qu’une angoisse : quand arrivera la prochaine crise systémique, modèle Lehmann Brothers 2008, mais en bien pire ? Le scénario préféré des financiers mondiaux commence par le défaut d’une banque espagnole. « Les banques espagnoles sont très grosses. Elles sont empêtrées jusqu’au cou dans la bulle immobilière, et chargées de créances irrécouvrables. Ces banques peuvent très bien connaître une crise de liquidité gigantesque, qui mettrait en péril d’autres grandes banques américaines et européennes qui sont leurs contreparties », explique un éminent invité du WEF. Ensuite le scénario vire à la tragédie planétaire. Car, à la différence de l’automne 2002, les budgets publics ne peuvent plus absorber un choc aussi violent que la faillite d’une grande banque systémique. L’Espagne qui aura en 2011 une dette publique de plus de 70 % du PIB sera dans l’obligation de garantir ses banques. « Pour les banques irlandaises, cela a coûté près de 40 milliards. On les a trouvés. Mais dans le cas de l’Espagne, il faudra peut-être multiplier le chiffre par 10 ! A ce moment-là les marchés, qui sont irrationnels par nature, risquent de refuser de prêter à l’Etat espagnol, comme il l’ont fait pour la Grèce et l’Irlande. Et le fonds européen de stabilisation de l’euro n’est pas dimensionné pour un tel enjeu… ». La fin du scénario est un véritable cauchemar : les marchés « irrationnels » retirent toute confiance aux dettes souveraines, les taux d’intérêts montent partout (sauf pour quelques Etats) et provoquent une récession majeure… Ces discussions, bien sûr, n’ont pas fait l’objet d’une quelconque publicité, le « off » ayant été accepté par tous les participants. Les citoyens lambdas, néanmoins épargnants et contribuables, se contenteront des communiqués bien plus rassurants du FMI et de la BCE, selon lesquels l’Espagne est absolument à l’abri de toute crise financière. Dormez bonne gens…