Egalité et Réconciliation
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La fin du Consensus de Washington

Le « Consensus de Washington » est la table de la loi énonçant les dix commandements du libéralisme qui déterminent depuis 20 ans les politiques économiques mondiales. Aujourd’hui, la Banque Mondiale, jusqu’alors fervente adepte du dogme, nous annonce que, désolée, elle s’est trompée, que ces régles sont néfastes, et qu’il faut restaurer le rôle de la puissance publique.

A la fin des années 1990, le modèle économique ultra libéral adopté par Thatcher et Reagan est devenu le nouveau dogme économique, et ses tables de la loi ont été rédigées par John Williamson, économiste en chef pour la région Asie à la Banque Mondiale. Devenues célèbres sous le nom de « Consensus de Washington », elles énumèrent les dix commandements auxquels devaient désormais se plier les états, et qui imposaient un revirement complet des politiques menées depuis l’après guerre.

Dérégulation, privatisation, monétarisme, réduction des dépenses publiques devenaient désormais d’ardentes obligations en dehors desquelles ils n’existait point de salut.

Le rôle de l’état, qui jusqu’alors avait été central, à la fois par les politiques économiques et budgétaires qu’il impulsait, et par son rôle redistributeur des richesses produites par les nations, devait à tout prix être réduit à la portion congrue. Ronald Reagan avait résumé cette nouvelle vision prônant le « moins d’état » lors de son discours d’investiture par sa formule fameuse : « l’état n’est pas la solution, c’est le problème ».

L’adoption par les institutions, comme le FMI et la Banque Mondiale, et les élites mondialisées de cette charte libérale a entraîné des conséquences considérables, tant dans nos sociétes que dans les pays en développement. En Europe, le principe de la « concurrence libre et non faussée », au coeur du Traité de Maastricht, qui a acté la mort des services publics, et l’interdiction de mener une politique industrielle, n’a pas d’autre origine, ni d’autre justification.

Dans les pays du sud, les effets du Consensus de Washington, ont été bien plus catastrophiques. Les politiques nommées par euphémisme "Ajustements Structurels" exigées des pays en développement en échange de la renégociation de leur dette par le FMI et la Banque Mondiale ont conduit entre autres à la fin de l’encadrement des prix des aliments de base, et à la privatisation de l’eau, avec une explosion de leurs tarifs. L’auteur de ces lignes a entendu Abou Diouf, l’ancien président du Sénégal, relater comment les envoyés du FMI exigeaient de lui qu’il augmente le prix du lait dans son pays, afin de pouvoir bénéficier de l’aide internationale.

Pendant vingt ans, toutes les voix critiques remettant en cause ces choix ultra libéraux ont été ignorées ou qualifiées de rétrogrades - le débat autour du referendum européen nous en a fourni le dernier exemple en date.

Pendant vingt ans, armés de leurs certitudes, les hommes du FMI et de [...]

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