En Europe, la fortune des milliardaires a augmenté de 14 % en 2020. Oxfam révèle que les « sept premiers milliardaires français possèdent plus que les 30 % les plus pauvres ». Pourquoi « la France se distingue-t-elle en se présentant comme la championne d’Europe de la rémunération de ses actionnaires » ? Par Gaspard Gabriel, chef d’entreprise à la retraite, spécialiste en économie financière.
Avec la crise de la Covid, la France, par son endettement extérieur, a injecté beaucoup d’argent dans les marchés. L’augmentation des Bourses est tout simplement l’évolution de la quantité d’argent et du volume de dépenses dans l’économie. L’indice boursier suit en réalité l’évolution de la masse monétaire.
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À cause de la pandémie, il y a inflation de la masse monétaire. Le 10 mars 2020, face à la crise mondiale de la Covid, la Commission européenne assouplie les règles de déficit, le fameux plafond de 3 %, pour faciliter l’aide aux entreprises en difficulté des États membres. Le président de la République française met alors en place une enveloppe de 300 milliards d’euros pour garantir les prêts sollicités par les entreprises à leurs banques. […] La France seule a emprunté directement 200 milliards d’euros en 2020.
[…] Le 24 janvier 2020, date de la déclaration du premier cas de coronavirus en France, l’indice CAC 40 était à 6024,26 points. La plus forte baisse a été enregistrée le 18 mars 2020 avec un indice de 3754,84 points. Le 11 décembre de la même année, l’indice CAC 40 s’élevait à 5.507,55 points. On constate une augmentation d’environ 47 % entre la première réaction de la Commission européenne le 10 mars 2020 et celle du 11 décembre 2020.
La masse monétaire devient fébrile. D’après la situation mensuelle monétaire de la Banque de France, l’encours fin du mois de février 2020 est de 1142,6 milliards d’euros. Le dernier encours connu fin octobre 2020 est de 1693,5 milliards d’euros. La masse monétaire croit bien d’environ 48 % pendant cette période. C’est quasiment la même chose que le CAC 40.
De l’argent de l’État qui pousse la Bourse à tourner de plus en plus vite mais avec une économie qui va mal. L’Insee maintient sa prévision, établie début juillet, d’un recul de 9 % du produit intérieur brut (PIB) pour l’ensemble de l’année 2020. Depuis mars, la Covid a coûté 200 milliards d’euros à la France. La dette est attendue à plus de 120 % du PIB. Cette situation génère une injustice dans la distribution des richesses. La classe moyenne prend du retard et les pauvres deviennent plus pauvres.
Le piège à éviter. Plus la France emprunte sur les marchés financiers via des banques privées, plus il y a création de monnaie. Plus il y a d’argent circulant dans l’économie, plus il y a d’argent disponible pour investir dans des actions. Ce corolaire rend également les instruments d’investissement alternatifs, tels que les obligations, moins attractifs. Ainsi, la possibilité de l’État à emprunter à long terme est réduite.
Il faut éviter l’accélération de la masse monétaire qui provoquerait une envolée de la Bourse qui profiterait uniquement aux plus grosses capitalisations boursières.
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