La puissance de ce lobby n’est plus à démontrer. Jamais encore dans l’histoire de l’humanité, au cours des siècles passés, une organisation humaine n’avait disposé d’un tel pouvoir. Ce groupe étend ses ramifications dans le monde entier, infiltrant les États, les gouvernements et les médias. Il est en mesure, et ne s’en prive pas, de mettre au pas la plus grande puissance mondiale, les États-Unis d’Amérique.
Dans un ouvrage extrêmement bien documenté publié en 2007 deux universitaires américains, les professeurs John J. Mearsheimer et Stephen M.Walt, analysent la politique moyen-orientale des États-Unis et les conséquences de son soutien inconditionnel à l’État d’Israël. Leur étude démontre que ce soutien ne peut s’expliquer ni par des intérêts stratégiques communs ni par des impératifs moraux. Il est principalement dû à l’influence d’un lobby qui travaille activement à l’orientation de la politique étrangère américaine dans un sens pro-israélien, qui exerce des pressions efficaces sur le Congrès, les présidents et leurs administrations, et qui jouit aussi d’une influence considérable sur l’université et les médias. Les deux auteurs montrent que ce lobby a joué un rôle clé, bien que caché, dans la politique américaine au Moyen-Orient, mais ni dans l’intérêt national des États-Unis ni dans celui d’Israël sur le long terme. Ils osent lever un tabou en refusant de confondre antisémitisme et critique de la politique israélienne. Ils montrent l’inadéquation de la stratégie américaine à ses propres intérêts, en raison précisément de l’influence néfaste de ce groupe de pression qui impose ses choix stratégiques aux États-Unis.
Sa puissance n’est pas récente. Nous allons analyser un événement survenu en 1953 rapporté par Douglas Reed très révélateur des méthodes de ce lobby. Le 14 octobre 1953, tous les habitants du village arabe de Qibbya en Jordanie furent massacrés lors d’une incursion de militaires ou supplétifs israéliens. C’était une répétition du massacre de Deir Yassin de 1948, à la différence qu’il avait été perpétré hors de la Palestine. Cela suscita une réaction d’horreur dans le monde entier. Durant la discussion au Conseil de Sécurité de l’ONU, le délégué français dit que« ce massacre avait suscité horreur et réprobation » en France et reprocha à l’État d’Israël, fondé sur l’affirmation de « persécution » d’ « assouvir sa vengeance sur des innocents ». Le délégué grec parla de « l’horrible massacre » et les délégués britannique et américain reprirent en chœur le refrain de la « condamnation » (9 novembre 1953).
Quatre jours après ce massacre (18 octobre 1953), le gouvernement américain décida de « réprimander sévèrement son protégé » (Time, 19 octobre 1953). Il annonça que « les rapports choquants qui sont parvenus au département d’État concernant la perte de vies et de biens impliquée dans cet incident nous convainquent que ceux qui sont responsables devraient rendre compte de leurs actes et des mesures efficaces devraient être prises afin d’empêcher de tels incidents à l’avenir ».
Deux jours plus tard, le 20 octobre 1953, le département d’État annonça qu’une subvention de 60 millions de dollars à Israël serait suspendue. Le président des États-Unis, le général Eisenhower, s’imaginait sans doute être assez puissant pour oser défier le lobby pro israélien. Très exactement huit jours plus tard, le 28 octobre, il capitula ! Une déclaration officielle annonça qu’Israël recevrait la somme qui lui avait été assignée auparavant. Après cette terrible humiliation, le gouvernement américain ne s’aventura plus jamais à « réprimander son « protégé ».
Nous comprenons mieux pourquoi Israël peut TOUT SE PERMETTRE, bénéficiant de la protection des États-Unis, QUOIQU’IL FASSE. Il serait fastidieux d’énumérer tous les événements dramatiques, massacres, représailles, bombardements aveugles, actes de piratage dans les eaux internationales, violations récurrentes de toutes les résolutions de l’ONU, qui ont bénéficié de cette protection. Fastidieux pour le lecteur sans doute, mais souvenons-nous de la somme de souffrances, de morts, de blessés et de destructions que cela a représenté ! Dans l’ouvrage précité, Mearsheimer et Walt s’efforcent de dérouler les fils expliquant l’origine de la puissance de ce lobby.
Ce qui est de plus en plus choquant, c’est son arrogance, devenue sans limites. Je rappelle cette phrase du président Obama accueillant Netanyahou : « Les États-Unis et Israël sont unis par une alliance ETERNELLE » !