Le vice-président américain Joe Biden a publiquement accusé les pays de l’Union européenne de réduire les dépenses militaires de manière inacceptable, y compris celles du maintien de l’OTAN. Les dirigeants de pays européens expliquent qu’ils mènent leur propre cours politique en matière de défense.
Le rapport politique de l’ONU pour l’année 2012, publié il y a une semaine, précise que les États-Unis participent au financement du bloc atlantique à 72 %. Le document explique que le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et la France, l’épine dorsale européenne de l’OTAN, seraient en train de réduire méthodiquement leurs dépenses militaires, ce qui a une influence négative sur son potentiel. Cela porte atteinte à la solidarité au sein de l’Alliance et « remet en question la capacité des alliés européens d’agir sans les États-Unis ».
Le secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a déjà exprimé sa préoccupation par rapport à cette question. Lors de la conférence annuelle sur la sécurité, organisée à Munich, il a cité un exemple récent des effets dévastateurs de la cupidité européenne – la préparation et la phase initiale de l’opération française au Mali. Rasmussen a laissé entendre que les avions pour le transport des troupes françaises étaient recherchés un à un dans toute l’Europe. La France n’a pas pu se passer des avions de transport américains, ainsi que les avions de ravitaillement et de reconnaissance. Selon certains médias, les forces françaises auraient même signé un contrat avec une compagnie aérienne privée russe pour transporter les troupes au Mali. Le vice-président des États-Unis Joe Biden a indiqué qu’il comprend que sur le fond de la récession économique, il est difficile pour les Européens de résister à la « tentation de réduire les dépenses de défense ». Mais cela n’enlève rien à la nécessité historique de « promouvoir un programme mondial commun ».
Sous la pression des arguments des deux fonctionnaires, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et le ministre allemand de la Défense Thomas de Maizière se sont justifiés timidement, expliquant que l’Europe ne se base pas sur l’utilisation directe de sa force militaire dans sa politique de la défense et la sécurité.
En réalité, en critiquant les Européens, les Américains « contrôlent la situation depuis les coulisses », et essayent de faire pression sur leurs alliés pour résoudre eux-mêmes des petits problèmes hors de l’Europe. Mais sans grand succès, estime le rédacteur en chef du magazine Rossia v globalnoï politike (Russie dans la politique globale) Fedor Loukianov :
« Le thème principal de la politique intérieure américaine, c’est l’économie et la réduction de la dette publique. C’est pourquoi les Américains demandent aux alliés des explications sur la situation qui vient de se créer. Pourquoi doivent-ils participer à la hauteur de 70 % au budget de l’OTAN ? Dix-huit mois plus tôt, Robert Gates, l’ex-ministre de la Défense, en quittant son poste, a critiqué la position de Bruxelles. Je ne pense pas que quelque chose va changer, car les pays européens sont en crise, et d’autre part, parce qu’ils ont complètement changé leur perception de la guerre. Les Européens n’en voient pas le but, surtout que les guerres menées sont éloignées de la zone de responsabilité de l’alliance. Autrement dit, ils aimeraient que les États-Unis garantissent la sécurité en Europe, le reste du monde ne relevant pas de leur responsabilité. »
À en juger par le rapport de l’ONU, les dépenses militaires des membres de l’OTAN vont continuer à baisser. En 2014, la part de ces dépenses dans le monde va tomber à 56 %, l’équivalent du montant dépensé pour la défense dans tous les pays de la planète. Les experts estiment que les États-Unis sont fatigués du fardeau de l’OTAN, et à court terme, ils risquent d’essayer de garantir leurs intérêts géopolitiques au détriment de la capacité militaire des alliés anciens et nouveaux dans les différentes régions du globe.