Une campagne idéologique mensongère
Les gouvernements qui se sont succédés depuis une trentaine d’années nous ont tous tenu le même discours : « La dette publique est abyssale, c’est le 2ème poste budgétaire, il faut réduire les déficits publics et la dette ».
Ils ont même essayé (et essaient encore) un discours culpabilisant (« Nous laisserons un fardeau pour les générations futures »).
Au nom de cette dette « abyssale », nos gouvernants n’ont pas décidé d’augmenter les impôts des grandes entreprises ou des ménages fortunés, ceux qui ont les moyens de contribuer à la chose publique, mais, bien au contraire, ils les ont diminués, en France comme tous les pays de l’UE, aux Etats-Unis et au Japon, diminuant ainsi les ressources de l’Etat et aggravant, année après année, le déficit budgétaire et empruntant pour boucher les trous. Par contre, ils ont privatisé à tout va, ils ont réduit les dépenses sociales, comprimé les dépenses publiques, réformé l’Etat et supprimé des centaines de milliers de postes de fonctionnaires dans la fonction publique.
Et depuis des années, les gouvernants nous assènent la charge de la dette comme étant le summum de la monstruosité cataclysmique, le tsunami qui risque fort de nous emporter si nous ne nous serrons pas la ceinture !
Nous, c’est aujourd’hui la grande majorité de la population qui subit les plans d’austérité.
Et alors que leurs moyens de contribuer se sont accrus avec les cadeaux fiscaux et autres éxonérations de cotisations sociales, rien n’est exigé des ménages les plus fortunés, rien n’est exigé non plus des grandes entreprises ou des institutions financières, pourtant responsables de la crise économique et fnancière mondiale. En diminuant la part des salaires dans les richesses produites par le travail, en privilégiant les investissements spéculatifs plutôt que productifs, ils ont créé les conditions qui sont à l’origine de cette crise. Ce sont ceux-là qui spéculent aujourd’hui contre les dettes souveraines des pays de la Périphérie de l’Union Européenne et de la Zone Euro (ZE).
Au fait, c’est quoi cette « charge de la dette » ?
Pour les pays du Sud et dans les comptes du FMI et de la Banque Mondiale, on parle du service de la dette, c-à-d le total du capital remboursé et des intérêts d’emprunts servis au titre de l’année. On compare ce chiffre avec d’autres éléments (PIB, exportation, etc.) pour apprécier la capacité de ces pays à rembourser la dette. C’est une présentation budgétaire qui intéresse avant tout les créanciers. Peu importe la misère des populations, peu importe aussi qu’un pays consacre 40% de son budget au service de la dette et entre 4 et 8% à l’action sociale (santé et éducation). L’important, pour les institutions financières internationales, est de mesurer sa capacité à honorer les contrats de prêt. _ Dans les pays dits développés, au Nord , on parle de « charge de la dette » dans les présentations des budgets. On se place du point de vue de l’emprunteur, ou plutôt on détourne l’attention sur l’emprunteur pour ne pas trop montrer les créanciers. Cette « charge de la dette » ne représente en fait que les seuls intérêtsservis aux détenteurs de créances envers l’Etat. Pour beaucoup, y compris parmi les journalistes spécialisés (voir page suivante), les engagements financiers, la dette, la charge de la dette ou le service de la dette, c’est la même chose.
Et pourtant, dans les présentations du budget, le capital remboursé est totalement occulté.
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