Avec le changement climatique, les ressources en hydrocarbures de l’Arctique seront plus facilement exploitables. En outre, le recul de la banquise permet d’ouvrir de nouvelles voies maritimes reliant l’Europe avec l’Extrême-Orient.
D’où l’importance qu’accordent à cette région beaucoup de pays, qu’ils soient frontaliers ou non. La Chine a ainsi obtenu un statut d’observateur au Conseil de l’Arctique, en mai dernier. Le Canada entend adapter ses forces armées à cette nouvelle donne, de même que la Norvège, qui augmente régulièrement ses dépenses militaires pour répondre à l’activité russe dans cette zone.
Justement, en avril 2009, Moscou a rendu public sa stratégie pour l’Arctique, en mettant l’accent sur la nécessité d’y implanter des unités militaires pour y assurer la sécurité. C’est ainsi que le président Poutine vient d’annoncer la réouverture d’une base dans l’archipel des îles de Nouvelle-Sibérie.
"Nos militaires en sont partis en 1993. (…) Nous nous sommes mis d’accord pour non seulement rétablir à cet endroit une base militaire, mais aussi y restaurer l’aérodrome", a-t-il affirmé. "Nous sommes venus ici, ou plus exactement nous sommes revenus ici pour toujours, parce que c’est une terre russe", a renchéri Arkadi Bakhine, le vice-ministre de la Défense.
Pour commencer, une flottille de 10 navires de la marine russe, dont le croiseur à propulsion nucléaire Pierre Le Grand, précédés par 4 brise-glace, ont emprunté la route maritime du Nord, encore appelée passage du Nord-Est, laquelle relie l’Europe à l’Asie par la mer de Kara au détroit de Béring, pour rejoindre cette base militaire située sur l’île Kotelnyi, dans l’archipel de Nouvelle-Sibérie.
Cette voie maritime du Nord permet de raccourcir les voyages entre le Vieux Continent et l’Asie d’une quinzaine de jours par rapport aux routes commerciales traditionnelles. Par conséquent, s’il est pour le moment peu important, le trafic est appelé à s’y développer dans les années qui viennent. Ainsi, certains estiment que le nombres de tonnes de marchandises transitant par ce "passage du Nord-Est" (1,26 millions actuellement) pourrait être multiplié par 40 d’ici 2020.
Par ailleurs, Moscou a décidé de déployer, en 2015, à quelques kilomètres de la frontière norvégienne, une brigade arctique composée d’unités d’infanterie motorisée, dotées de blindés polyvalents à chenilles. Et c’est sans compter sur les vols de bombardiers stratégiques de l’aviation russe au-dessus de la région, ce qui donne lieu, parfois, à quelques alertes pour les pays limitrophes.
En outre, le mois dernier, la Russie a ouvert un centre des situations d’urgence à Narian-Mar, chef-lieu du district autonome des Nenets, situé au-delà du cercle polaire. Neuf autres sites comme celui-ci devraient être prochainement inaugurés.