La Douma a confirmé cette semaine la mise en place d’une loi interdisant la remise en question des verdicts du procès de Nuremberg et toute forme de « réhabilitation du nazisme ». Les contrevenants risquent trois ans de prison et 6 000 euros d’amende (300 000 roubles).
Le dispositif est le résultat d’un processus entamé depuis plusieurs années. Il vient ainsi renforcer des lois déjà existantes interdisant la remise en cause des crimes nazis ou la victoire militaire soviétique sur le Reich allemand.
L’OSCE, l’instance de dialogue entre les nations européennes, par la voix de sa représentante chargée de la liberté de la presse, a exprimé son inquiétude face à une loi qui va « plus loin que la simple interdiction de la glorification du nazisme » et qui pourrait bien limiter la liberté d’expression.
À noter que l’organisation avait aussi émis des critiques lors de l’adoption de la loi française sur le génocide arménien, mais ne s’est jamais exprimée négativement vis-à-vis des autres lois mémorielles ouest-européennes.
Si l’utilisation de l’histoire à des fins politiques est une constante de la Fédération russe, il est fort probable que l’adoption de cette loi ait un sens géopolitique plus prosaïque. Les Russes prennent ainsi peut-être acte des ingérences étrangères passant par le soutien occulte à n’importe quel type d’opposant, y compris les organisations néo-nazies, comme cela a été le cas en Ukraine ou lors des manifestations anti-Poutine ces dernières années. Il s’agirait ainsi d’être mieux équipé d’un point de vue législatif pour faire face aux tentatives de déstabilisation.
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