Après un an, l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a rien apporté à l’économie du pays, concluent les économistes occidentaux dans un article du Financial Times. L’adhésion à l’OMC a même été néfaste pour certains secteurs tandis que d’autres n’ont remarqué aucun changement, écrit vendredi le quotidien Novye Izvestia.
« La majeure partie des entreprises n’ont rien ressenti depuis l’adhésion de la Russie à l’OMC en 2012 », a déclaré Peter Mandelson, ex-commissaire au commerce de l’UE.
Après l’adhésion de la Russie à l’OMC, la société Strategy Partners Group avait réalisé un sondage auprès de deux mille entrepreneurs russes dont le chiffre d’affaires est supérieur à 100 millions de dollars. À l’époque, plus de la moitié d’entre eux attendaient des changements positifs pour l’économie russe. Désormais, plus de la moitié pensent que l’adhésion de la Russie à l’OMC n’a eu aucun impact sur l’économie et 32 % sont persuadé qu’elle a été négative.
Le rapport de la Fondation politique de Saint-Pétersbourg a tiré des conclusions identiques. Selon les experts de l’organisation, c’est l’agriculture qui a le plus souffert de cette adhésion. Au final, les taxes sur l’importation de la viande de porc sont passées de 15 % à 0 % pour le quota prévu, et de 75 % à 65 % en cas de dépassement du quota. Par conséquent, les importations de porc bon marché en provenance d’Europe ont significativement augmenté, réduisant ainsi de 30 % le prix du porc en Russie. Par ailleurs, le coût de production du porc a augmenté en raison du prix élevé de la nourriture pour les animaux.
Le rapport de la fondation souligne également que les restrictions appliquées aux produits russes sur les marchés mondiaux n’ont pas été automatiquement levées – sur les 94 mesures antidumping appliquées aux produits exportés de Russie, seulement 4 ont été annulées. L’abrogation du reste des mesures devra faire l’objet de négociations dans le cadre de l’OMC. Tandis que la Russie a levé les restrictions sur les produits agricoles dès le premier jour de son adhésion à l’organisation, soulignent les auteurs de l’article du Financial Times.
Le consommateur russe, à qui l’on avait promis que l’adhésion à l’OMC ferait baisser les prix sur les produits importés, n’a rien gagné au final. Ni les voitures, ni le textile, ni les produits alimentaires n’ont connu de baisse de prix. « Les importations bon marché en Russie n’ont pas augmenté, annonce le rapport de Politique. Les espoirs du consommateur russe – qui devait être gagnant grâce à la baisse des prix sur les produits au détail – ont été vains. La diminution des prix du porc sur le marché russe, due à la baisse des taxes d’importation, s’est traduite par une réduction de seulement 1 % sur le prix du consommateur final. »
Toutefois même cette diminution est éphémère, avertit Sergueï Poukhov du Centre de développement. « Par la suite les prix seront déterminés en fonction d’autres facteurs, différents de l’adhésion à l’OMC », a-t-il déclaré.