Le 6 décembre 2017, la XVIIème chambre du tribunal de Paris a reconnu Stéphane Blet coupable de provocation à la haine et d’injure raciale et l’a condamné à 5 000,00 euros d’amende ; la LICRA, partie civile, a obtenu 2 000,00 euros (dommages-intérêts et article 475-1 cpp).
Les ennuis judiciaires de Stéphane Blet ont commencé juste après les premières conférences de promotion de son dernier livre sur la franc-maçonnerie, édité chez Kontre Kulture.
Mercredi 25 octobre 2017 il comparaissait devant la XVIIème chambre du tribunal de Paris, prévenu, sur signalement de la LICRA, de provocation à la haine et d’injure raciales. Il était représenté par son avocat Maître Viguier. Maître Saber, qui représentait la LICRA, avait eu l’idée de rendre Stéphane Blet néanmoins présent par la voix, grâce à la diffusion en début d’audience d’un entretien accordé par ce dernier à une chaine iranienne.
On reprochait à Stéphane Blet des messages sur Facebook, au terme d’une enquête rocambolesque. Obtempérant sur réquisitions judiciaires, la société Facebook collaborait avec la LICRA et indiquait aux enquêteurs tous les numéros IP des ordinateurs qui s’étaient connectés au compte Facebook au nom de Stéphane Blet, ainsi que l’e-mail et le numéro de téléphone fourni à l’inscription. L’une de ces adresses IP permettait d’identifier un abonnement Internet à l’adresse d’un parent de Stéphane Blet. Une recherche administrative permettait ensuite de déterminer que Stéphane Blet était en contrat avec la société Orange et disposait à ce titre d’un numéro de téléphone portable. L’exploitation de sa facture permettait enfin de suivre ses déplacements, grâce à l’identification des bornes localement activées par ce numéro.
Les propos reprochés à Stéphane Blet portaient entre autres choses sur l’emploi du mot « rat », au sujet d’une personne injurieuse et menaçante à l’égard d’Alain Soral, et qui se trouvait être sioniste.
Selon la LICRA :
« Ce terme de "rat’" est soigneusement choisi en ce qu’il est celui employé par la propagande nazie pour désigner les personnes de confession juive, ainsi qu’il en ressort des films de propagande tels que "Le péril juif" (1940). À ce propos, ce film s’ouvre sur une scène montrant des rats sortant d’un égout, accompagnée de sous-titres annonçant : "Si les rats représentent la vermine du royaume des animaux, les Juifs sont la vermine de la race humaine et, comme les rats, diffusent les maladies et la corruption. Seulement, les Juifs différent des rats car ils sont capables de changer leur apparence et de se transformer en leurs hôtes humains." Ce terme de "rat" n’est donc pas fortuit et renvoie à l’idéologie nazie. »
Le même terme de « rat » avait été employé au sujet de Bernard-Henri Lévy (qui avait dit que « c’est aux "crânes rasés de la pensée" de quitter la France »). Le fait n’avait pas été retenu par la parquet, mais dans sa plainte la LICRA notait encore à cette occasion :
« M. Stéphane Blet entend du "rat" un animal lié à la saleté, aux égouts, aux ordures et, de façon générale, un être nuisible pour l’homme comme le présentait l’idéologie nazie ci-avant exposée, justifiant qu’il faille s’en débarrasser. En assimilant donc les rats à des personnes de confession juive, son propos vise à susciter la haine, la discrimination ou la violence à l’encontre des personnes issues de cette confession. »
Damien Viguier – La LICRA et le mot « rat » :
Note destinée aux magistrats, par Stéphane Blet :
Note pour l’audience du 25 octobre 2017
Concernant les éventuelles raisons de l’auteur ou des auteurs des propos incriminés, quels qu’ils soient, voici ce qu’il me semble :
1. Concernant le message sur Thomas Fabius et son père : Thomas Fabius étant un escroc reconnu comme tel, recherché par la justice américaine, de plus à la tête d’une société dont on peut clairement supposer qu’elle est bidon (son chiffre d’affaires est, selon les médias, à peu près nul), ce qui ne l’empêche pas de s’être acheté un immense appartement dans le quartier le plus cher de Paris, sans nullement pouvoir justifier d’où provenait tout cet argent ; sachant de plus que ledit Fabius fils se fait régulièrement connaître par des menaces envers le peuple et des fonctionnaires en exercice ; et compte tenu que son père Laurent Fabius, le fameux « responsable mais pas coupable » des morts du « sang contaminé » plus récemment devenu complice du terrorisme international en déclarant sur les télévisions que « Al-Nosra fait du bon boulot en Syrie » (sic !), il est clair que je crois comprendre la saine colère de l’auteur ou des auteurs de ce message incriminé...
2. Concernant le message sur Bernard-Henri Lévy, il semble presque inutile d’y revenir : tout le monde connaît BHL et sa responsabilité dans les chaos en Yougoslavie, puis en Libye, entre autres. J’imagine que le ou les auteurs du message incriminé trouve(nt) difficilement supportable l’impunité de cet homme et la terreur qu’il fait régner dans les milieux médiatiques et politiques... Après le massacre du peuple Libyen, il est peut-être même aujourd’hui interdit par la LICRA de le critiquer sans être accusé d’antisémitisme, fascisme, nazisme, cannibalisme, que sais-je... Il peut sans doute y avoir des gens qui craquent face à une telle anomalie antidémocratique, du moins je peux l’imaginer.
3. Concernant le message incriminé concernant « la France laïque enjuivée jusqu’à l’insoutenable », il me semble que le ou les auteurs de ces propos explique(nt) clairement sa (ou leur) motivation(s) en soulignant l’aspect délirant (et antirépublicain) qui consiste à faire interdire à des municipalités d’exposer une crèche de Noël pour atteinte à la laïcité tout en plantant une menorah juive devant la Tour Eiffel. Mais je ne doute pas que Mme Sabrina Goldman saura nous expliquer qu’en fait, ça n’a rien à voir... de même que ceux-là même qui veulent faire interdire les croix et les foulards dans l’espace public hurlent à l’antisémitisme (voire au nazisme !) lorsqu’on leur dit qu’il faudra aussi faire interdire les kippas...
4. Concernant les autres messages, ils ne me semblent pas non viser une « communauté », mais bien plutôt dénoncer une extraordinaire hypocrisie et une injustice insoutenables. La manière d’écrire est certes contestable mais, si j’en comprends bien le fond, il s’agirait bien davantage d’une réaction de colère « à chaud » que de « haine » – colère à l’égard du comportement de certains individus et nullement d’une communauté dans son ensemble...
En ce qui me concerne, ayant écrit un ouvrage en partie en hébreu (Traité d’herméneutique, ed. Cap Béar), étant le seul pianiste au monde à avoir réalisé, enregistré et produit deux CDs d’hommage au grand pianiste Vladimir Horowitz (The Horowitz project et Hommage à Horowitz, chez Marcal Classics), et étant lié d’amitié avec nombre de musiciens juifs qui non seulement me fréquentent mais font de la musique avec moi, sans compter certains responsables médiatiques juifs qui sont des copains depuis 25 ans (et dont seule ma détestation des « listes » et des récupérations communautarisantes me retiennent de vous les citer – certains ayant souhaité venir témoigner pour moi aujourd’hui, ce que j’ai refusé, car mes amis sont « MES amis » et non pas « mes amis juifs », « mes amis chrétiens », « mes amis musulmans », « mes amis homos », « mes amis hétéros », « mes amis de gauche » ou « mes amis de droite »), je ne me sens que très difficilement suspect de racisme ou d’antisémitisme – sauf si l’on considère que ne pas aimer BHL et dénoncer certains réseaux de pression soit un crime en soi...
La vie d’un artiste est souvent faite de contrastes. Avoir été décoré à l’Opéra Bastille des Arts et Lettres par feu mon ami Pierre Bergé (dont j’étais Vice Président de l’Académie durant 25 ans), amitié musicale (car nous pensions rigoureusement le contraire politiquement et sociétalement, ce qui n’enlève rien à l’amitié), tout en soutenant d’abord Chevènement (dont j’étais le Responsable du pôle culture en 2002) puis mon ami Bruno Gollnisch (qui tenait beaucoup à venir témoigner pour moi aujourd’hui), certes, c’est a priori déconcertant. Mais on peut être souverainiste et aimer son pays sans être « raciste », on peut avoir du mépris pour un BHL ou un fils Fabius sans être un « antisémite », on peut aussi être ami avec une personne ou une autre pour des raisons autres que politiques... et l’on peut (et c’est aussi mon cas) avoir envie de soutenir des gens brillants lorsqu’ils sont vilipendés et mis à terre. Pour certains cela se nomme l’inconscience ; pour moi et pour quelques autres, cela peut s’appeler du courage... et aussi la défense de notre bien le plus précieux : notre liberté à nous exprimer et à défendre ce en quoi l’on croit, pour susciter des débats publics, plutôt que des procès.