D’après des spécialistes en études militaires, il semble que Washington soit déterminée à encercler la Chine avec un système anti-missile de fabrication américaine.
D’après Defense News, publication américaine, Taiwan est devenu l’année dernière le cinquième acquéreur dans le monde du système de défense anti-missiles Patriot, après le Japon, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis et l’Allemagne.
De nombreux experts militaires ont fait remarquer que ce dernier contrat en date avec Taiwan est un élément clé d’une stratégie américaine d’encerclement de la Chine dans la région Est-asiatique, et que ces missiles pourraient bientôt former un arc de cercle s’étendant du Japon à la Corée du sud et à Taiwan.
Le colonel Dai Xu, stratège de renom de l’armée de l’air chinoise, écrivait d’ailleurs dans un article publié ce mois que « La Chine se trouve dans une zone d’encerclement en arc de cercle. Cette zone commence au Japon, s’étend à travers divers pays dans la Mer de Chine méridionale vers l’Inde et se termine en Afghanistan. Le déploiement de systèmes anti-missiles opéré par Washington en périphérie de la Chine forme une zone d’encerclement en arc de cercle ».
Pour Ni Lexiong, expert en affaires militaires à l’Institut de Sciences Politiques et de Droit de Shanghai, qui répondait le 21 février aux questions du journal Guangzhou Daily, « Le système anti-missile américain au voisinage de la Chine est une réplique exacte de la stratégie américaine antérieure en Europe de l’est contre la Russie. L’administration Obama à commencé à envisager ce genre de système autour de la Chine après la suspension de son projet en Europe de l’Est ».
Tang Xiaosong, directeur du centre de Sécurité Internationale et d’Etudes Stratégiques à l’Université des Etudes Etrangères du Guangdong fait lui remarquer que cet arc qui encercle la Chine peut également être étendu dans d’autres directions à n’importe quel moment. Ainsi, dit-il Washington espère-t-elle vendre à l’Inde et à d’autres pays de l’Asie du Sud-Est son système anti-missiles Patriot Advanced Capability (PAC)-3.
Les analystes disent que la Chine surveille de près la coopération indo-américaine en matière de défense anti-missiles, car toute intégration éventuelle de l’Inde dans le système global de défense anti-missiles américain pourrait affecter profondément la sécurité de la Chine.
Cependant, d’après l’ancien ambassadeur de Chine en Inde Pei Yuanying, il est peu probable que l’Inde fasse un jour partie du moindre plan américain dirigé contre la Chine.
« New Delhi tient à développer ses relations avec les Etats-Unis, mais elle veut également être une puissance internationale indépendante sur la scène internationale », dit-il.
M. Pei pense qu’il est nécessaire de prendre en considération les aspects multiples des relations sino-américaines. « Les Etats-Unis ont suivi de longue date une politique de rapprochement-confinement à l’égard de la Chine, et cette politique ne changera pas d’une manière générale durant le mandat du Président Obama », dit-il.
Defense News a également rapporté les propos de John Holly, Vice-président des systèmes de defense anti-missiles chez Lockheed pour qui les perspectives de ce marché restent bonnes.
Evoquant les programmes de missiles en Corée du Nord, en Iran, en Russie et en Chine, il a déclaré « Ce monde n’est pas un monde très sûr, et il nous incombe, dans cette industrie, de fournir (au Pentagone) les meilleures capacités possibles ».
Beijing a souvent critiqué le développement du système anti-missiles américain et s’est efforcée d’apporter des limitations à ce genre de systèmes lors des forums des Nations Unies.
Ainsi le ministre des Affaires Etrangères Yang Jiechi, qui s’était exprimé lors d’une conférence sur le désarmement en août dernier à Genève avait-il déclaré « Les Nations ne devraient ni chercher à obtenir une prépondérance stratégique ni développer des systèmes de défense anti-missiles susceptibles de saper la stabilité stratégique mondiale ».